Mobilité durable et TIC
Christophe HAUSBERG, 2005
Conseil National des Transports (CNT)
Cette fiche présente les avancées technologiques en matière de gestion des transports, et les enjeux actuels et futurs dans la mise en place d’une mobilité durable et connectée.
La mobilité est devenue progressivement une dimension structurante de nos existences. Outils de la mobilité durable1 pour l’exploitation et la gestion de l’intermodalité, les Techniques d’Information et de Communication (TIC) permettent meilleur un usage des voiries et un meilleur partage des espaces publics existants.
L’arrivée des nouvelles technologies dans les transports a été considérée jusqu’ici comme une manière de moderniser les métiers de chacun des acteurs. Basés sur les techniques que sont Internet, les cartes à puces ou les échanges de données informatisées et conçus à partir d’une approche systémique ou architecture2, les nouveaux services s’appellent route intelligente, voiture communicante, télépéage autoroutier3, information trafic, aéroport intelligent, information déplacement, gestion fret et flottes, carte transport, portemonnaie électronique, etc.4
Toujours en matière de transport, les nouvelles technologies peuvent opérer les passerelles nécessaires pour faciliter le passage d’un mode à l’autre pour l’usager et aider à développer l’intermodalité.
Les TIC vont rendre possible une régulation en temps réel de ces systèmes avec autant de paramètres (état des réseaux, horaires, réglementation, conditions d’accès, tarification) guidant le choix des utilisateurs. Bien sûr, la vérification de l’usage par le contrôle et l’application de sanctions participeront de la bonne régulation.
Par exemple, en matière de route intelligente5, les applications en cours de développement touchent la navigation et l’information sur le trafic de façon à apporter un meilleur accompagnement de la conduite et du voyage, la communication entre l’infrastructure et les véhicules de façon à sécuriser davantage les circulations avec des systèmes d’alerte tant par radio (FM 107.7) que de plus en plus par Internet et le multimédia ; enfin, elles servent aussi à les faire payer (projet de péage poids lourds). D’autres projets d’applications visent par exemple à agir sur la vitesse des véhicules en fonction de la réglementation en vigueur. Certes, dans ce dernier cas, la sécurité est une des motivations premières, mais la régulation de la vitesse permet aussi de redonner des marges de capacité à des infrastructures routières que pénalisent des niveaux de vitesse hétérogènes entre les véhicules. On peut donc essayer de faire plus et mieux à partir de l’existant.
Autre exemple, la livraison à domicile de produits : une société comme la CAMIF6 a distribué 4 500 000 articles en 2003. Cette entreprise qui vend ses produits par correspondance doit passer commande auprès de ses fournisseurs dès réception du bon de commande (commandes en croissance par Internet) et livrer son client dans les meilleurs délais, en fonction du type de produits (52 grandes familles : mobilier, décoration, articles ménagers, informatique, etc.). Pour réussir, une bonne organisation logistique est primordiale, surtout qu’elle s’appuie sur un très grand nombre de prestataires de transport et de logistique différents. Grâce à l’informatique dédiée mise en place chez ses prestataires et aux échanges de données informatisés avec les fournisseurs, l’entreprise CAMIF garde le contrôle des opérations. De sa commande à la livraison, le client dispose aujourd’hui d’une information quasi en temps réel sur le cheminement du produit qu’il a acheté ; celle-ci fait partie du service attendu/offert. L’organisation logistique mise en place par la CAMIF vise à réduire les flux de transport et les coûts par une massification des colis sur quelques entrepôts centraux et une optimisation de la chaîne de distribution.
Prenant en compte cette multitude d’informations, des outils intégrés d’aide à la mobilité vont se développer contribuant à modifier les comportements des acteurs socio-économiques et faire évoluer leur mode d’organisation et de consommation de transport.
Renforcer l’application des TIC au secteur des transports[>(note) 7] est sans aucun doute un moyen d’améliorer l’usage des réseaux existants, d’aider à l’absorption d’une partie de la progression attendue des trafics et de tendre ainsi vers l’idée d’une mobilité durable qui ne signifie donc pas nécessairement faire plus mais déjà d’agir de façon différente et peut-être mieux.
1 « Mobilités.net : villes, transports, technologies face aux nouvelles mobilités », sous la direction de Daniel KAPLAN et Hubert LAFONT, co-édités par la FING et la RATP, août 2004
2 ACTIF, Architecture Cadre pour les Transports Intelligents en France, mais aussi Aide à la Conception de systèmes de Transport Interopérables en France, menée par le Ministère des Transports : its-actif.org
3 LRUC, Lorry Road User Charges type Toll collect en Allemagne, technologie visant à taxer le déplacement des poids lourds et applicable à une partie ou à l’ensemble d’un réseau routier. Lorsque ce dispositif associant des technologies de télécommunication (GPS, GPRS, DSRC, GSM) et des cartes à puces sera au point, il pourrait rapidement remplacer le télépéage tel qu’on le connaît en France.
4 Jean-François JANIN, « Du véhicule au système de transport : l’enjeu des transports intelligents », dans l’ouvrage Mobilités.net
5 Michel GRINAND, « Route intelligente : une partition à plusieurs clés », Transport et technologies, octobre 2004.
6 Laurent SCHWARTZ, « La CAMIF : une logistique plurielle », Logistiques Magazine, octobre 2004.
7 L’ACFCI avec la Mission des transports intelligents et des partenaires professionnels du transport et de la logistique travaillent à la diffusion et promotion des TIC dans les PME, et particulièrement en matière de solutions pour une meilleure gestion du fret et des flottes. Voir www.transport-intelligent.net
Sources
Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.