Déplacements non motorisés et modes doux

2005

Conseil National des Transports (CNT)

Cette fiche a été sélectionnée et revue par Régis Rioufol, contributeur de la démarche « Une Voirie pour Tous » du CNT, coordonnée par Jean-Charles POUTCHY-TIXIER et Hubert PEIGNE.

Cette fiche liste les différents modes de déplacement des personnes et des objets. Elle met en avant la nécessité de développer les modes doux, considérés comme une composante essentielle d’un développement urbain durable et d’un développement rural durable. La marche à pied est, dans ce cas, l’unité de base des déplacements.

Modes doux, modes lents, modes non motorisés : ces termes recouvrent une problématique complexe, concernant des modes de déplacements extrêmement divers et quotidiennement pratiqués par l’ensemble des habitants de la planète, ne serait-ce que via la marche à pied.

Des modes de déplacement de personnes et de transport des objets

Généralement assimilés aux seuls vélos par l’opinion publique, mais encore aussi par certains techniciens ou décideurs, ces modes sont en fait très variés et font appel à une gamme étendue de matériels et de véhicules permettant aux enfants, aux personnes à mobilité réduite, aux personne âgées, aux personnes chargées, aux livreurs, aux professionnels, aux touristes et finalement à chacun d’entre nous, selon les moments et les circonstances, d’effectuer des déplacements de proximité ainsi que de transporter des objets.

Ces déplacements de proximité et ces transports d’objets s’effectuent avec l’aide d’engins de plus en plus nombreux, plus ou moins encombrants et circulant à des allures très variables, intermédiaires entre celles des piétons et celles des véhicules, ce qui pose un véritable problème de sécurité publique et de circulation, aggravé par le vide juridique de notre code de la route obsolète, qui ne distinguait jusqu’à récemment que deux types d’espaces : les trottoirs destinés aux piétons et les chaussées destinées aux véhicules.

Il devient de plus en plus difficile aujourd’hui de classifier les différents modes utilisés pour effectuer des déplacements de proximité :

Plus que le type de mode, ce sont les questions d’allure et d’encombrement qui posent problème. Un patineur rapide, assimilé légalement à un piéton, est un véritable danger sur un trottoir. Un gros quadricycle motorisé pour personne à mobilité réduite, assimilé légalement à un véhicule, n’a guère sa place sur la chaussée dès que l’on sait que sa vitesse maximale est de 6,8 km/h et qu’il ne peut pratiquement circuler qu’à l’allure d’un piéton. Et une fois à l’arrêt, le problème du stationnement se pose dès que l’engin utilisé est tant soit peu encombrant.

Des matériels et véhicules appropriés

Parmi les matériels et véhicules utilisés pour les déplacements de proximité, on trouve des aides déambulatoires, des poussettes, des assistants pour personnes âgées, des rolls, des fauteuils roulants, des scooters tricycles, des « segways », des mini scooters, des modules Chronocity, des fauteuils élévateurs, des fauteuils biplaces, des chariots de livraisons, des vélos pliables, des tricycles de services, des « Distri-units », des fauteuils- valises pour handicapés, des tricycles pliables, des scooters pour handicapés, des caddies, des caisses et châssis roulants, des charrettes à bras, des diables, des patins, des planches, des quadricycles familiaux, des rollers, des transpalettes, des triporteurs, des trottinettes, des véhicules de promenade et de loisirs, et, bien sûr, des vélos.

Cette présentation de divers véhicules « roulant lentement » a mixé, de façon volontaire et provocatrice, des véhicules non motorisés, d’autres assistés électroniquement, à motorisation d’appoint, semi-motorisés ou électriquement motorisés.

L’impasse a été volontairement effectuée sur le vélo pour les raisons suivantes :

Des tendances au-delà des modes

Les modes de déplacement présentés ci-dessus sont tous en pleine expansion et touchent des usagers de tous âges et de toutes catégories, notamment pour les parcours terminaux à destination des parcs relais ou des stations de transport en commun, et tout particulièrement les jeunes pour les modes les plus rapides et les plus légers (patinettes, patins, planches, rollers et autres engins souvent dépourvus généralement de freins et de phares), les personnes adultes et âgées (patinettes, mini-scooters, tricycles, quadricycles électriques)4 et les personnes à mobilité réduite, sont trois catégories d’usagers particulièrement vulnérables.

Avec le vieillissement de la population, ces modes assimilables à des modes lents ou doux correspondent à un véritable besoin, actuellement freiné par l’absence d’itinéraires continus et suffisamment sécurisés.

Deux types de matériels et de véhicules répondant à ces besoins connaissent aujourd’hui une forte croissance, que l’on peut considérer comme une tendance forte et durable :

A cette croissance des matériels et véhicules de la vie quotidienne s’ajoute une autre tendance forte concernant l’achat ou la location de véhicules « doux » individuels ou familiaux pour les déplacements de loisirs et les promenades pendant les week-ends ou les vacances.

L’observation des besoins et l’accompagnement des matériels constituent un des thèmes importants de travail qu’il conviendra de poursuivre dans les années à venir en parallèle avec les travaux concernant les modes doux plus traditionnels tels le vélo ou la marche à pied. Des rencontres et débats sur ce thème, comme la journée « Les transports électriques de proximité. Quelles solutions innovantes pour les collectivités ?", organisée par le CERTU le 21 octobre 2004, méritent d’être suivis par d’autres manifestations concernant les transports électriques de proximité individuels ou familiaux permettant de faciliter la vie quotidienne que ce soit pour le travail, l’école, les courses, la vie familiale, les vacances ou les loisirs.

Il importe avant tout de bien comprendre que se déplacer et transporter des objets par ces modes doux, lents et non motorisés constitue une nécessité vitale pour la société d’aujourd’hui.

Développer ces modes est une nécessité vitale pour la société (Rédaction août 2004)

Si personne ne conteste que les usages et les usagers de l’espace public, et notamment de la voirie, sont de plus en plus nombreux, force est de constater que l’attribution de cet espace est géré en fonction de priorités qui perdurent c’est-à-dire les modes motorisés car, contrairement à d’autres pays d’Europe, la France ne reconnaît pas les modes doux comme des modes alternatifs crédibles. Pourtant, comme ailleurs, les distances parcourues sont le plus souvent inférieures à 3 km, soit 10 minutes en vélo, 20 minutes en mini-scooter, 30 minutes à pied d’un bon pas, et des temps nettement supérieurs en voiture en heure de pointe.

Contrairement à d’autres pays, la France a encore du mal à considérer les déplacements et les transports lents, doux et non motorisés comme une nécessité vitale pour la société civile, alors qu’ils sont une composante essentielle du développement urbain et rural, tant au plan social qu’économique et environnemental.

Une politique forte de développement en toute sécurité des modes lents, doux et non motorisés, pris en compte systématiquement dès l’amont des projets, favorise en particulier 3 aspects.

Au plan social

Au plan économique

Au plan environnemental

La marche à pied, unité de base des déplacements (Anne FAURE, Arch’Urba, mars 2005)

Le mode de déplacement doux le plus général et le plus utilisé reste la marche à pied. La pratique piétonne concerne tous les âges. Elle constitue, surtout dans les villes, le mode le plus fréquent de rabattement vers les transports collectifs. Tout automobiliste est à son tour piéton, ne serait-ce que pour se rendre à un parc de stationnement.

Le piéton « inquiète » techniciens et élus. Il a accès à la majeure partie de l’espace public, il peut adopter plusieurs allures de marche, il aligne son itinéraire sur le trajet le plus direct et trace des diagonales à travers les carrefours et les pelouses. Il est difficile de canaliser un piéton dans des cheminements qui ne sont pas conçus en fonction de sa logique. Si ses itinéraires sont trop longs ou se transforment en course d’obstacle, il renoncera à la marche.

Quelques pistes pour retrouver le goût de marcher

1 Notamment les propositions pour « Encourager le développement de la bicyclette en France », de Brigitte LE BRETHON, en février 2004

2 Notamment via la Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie du 30 décembre 1996, le CIADT sur les véloroutes et voies vertes du 15 décembre 1998, la circulaire sur la mise en place, les cahiers des charges, les règles techniques, l’entretien et les services des véloroutes et voies vertes du 31 mai 2001, les modifications au code de la route du 27 mars 2003.

3 Le magazine des villes cyclables, « Ville & Vélo », constitue une base documentaire importante, complétée par une série de fiches pratiques « Ville & Vélo » du CERTU, parmi lesquelles on peut citer sur le thème « Une voirie pour tous » la fiche 3 « Vélo et partage de l’espace », la fiche 4 « Faciliter la circulation des cyclistes » et la fiche 6 « Les contresens cyclables »

4 En particulier, les salons de 2004 mentionnés avant ainsi que les foires de 2004 (Foire de Paris, de Marseille, etc.) ont enregistré une forte demande de la part de personnes âgées et de couples de retraités pour les mini-scooters électriques pliables avec une vitesse maximale de 20-25 km/h et, pour les moins mobiles, de tricycles ou quadricycles électriques offrant un meilleur confort.

5 En France, la moitié des gens ne disposent pas et ne disposeront pas de voiture, laissant pour compte jeunes et personnes âgées, même si le taux moyen d’équipement augmente au profit de ménages déjà motorisés.

6 Les déplacements non motorisés favorisent la pratique de la demi-heure d’activité physique quotidienne préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

7 « La marche et la pratique à pied de la ville » – Anne FAURE, Arch’Urba, pour le PREDIT – 2000.

Sources

Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.

Une voirie pour tous - Tome 2- pages 93-99

To go further

Pour télécharger gratuitement les fiches pratiques Ville et Vélo du CERTU :

Fiches Vélos-Aménagement