Tourisme et ESS

Kit RégionalESS N°7

juin 2021

La demande touristique évolue. Aujourd’hui, beaucoup de voyageurs recherchent un contact plus direct et authentique avec les territoires. Ils souhaitent rencontrer des habitants et leurs initiatives et s’inscrivent dans un tourisme plus éthique, responsable et durable. Selon une enquête mondiale de 2018, 87 % des touristes se disent attentifs à l’impact de leurs vacances sur l’environnement et les pays qui les accueillent.

En tant qu’économie responsable, l’ESS est à même de répondre à cette demande sociétale ; en tant qu’économie ancrée dans son « pays », elle a le souci de valoriser et conserver en local la valeur ajoutée de l’activité touristique. Elle contribue ainsi à l’attractivité des territoires. Ce pour quoi les régions ont tout intérêt à soutenir ce « tourisme made in ESS ».

Compétence

Le tourisme est une compétence partagée : « L’État, les régions, les départements et les communes sont compétents dans le domaine du tourisme et exercent ces compétences en coopération et de façon coordonnée » (Article L111-1 du Code du tourisme). Plus spécifiquement, la région élabore les objectifs du développement touristique régional à travers le schéma régional de développement du tourisme et des loisirs dont elle confie la coordination à un Comité régional du tourisme (CRT). Dans le cadre des contrats de plan État-régions, des Observatoires régionaux du tourisme ont été mis en place pour rassembler des informations et réaliser des études sur le tourisme de leur région.

Leviers d’action des conseils régionaux :

Aborder le tourisme de façon non-sectorielle en associant l’ensemble des acteurs

• Privilégier une approche transversale du tourisme c’est ne pas dissocier le tourisme des autres politiques régionales. Le visiteur ne vient pas dans une région que pour son « offre touristique » (même si cet aspect est important), mais aussi pour sa réputation, ses services, ses aménités.

• La région peut associer à l’élaboration, au suivi et à l’animation de sa politique touristique les acteurs du tourisme de l’ESS, comme l’UNAT (Union nationale des associations de tourisme). • La politique touristique peut ainsi intégrer une politique d’accueil au sens large – y compris, dans la suite de la crise sanitaire du Covid, pour répondre aux désirs de nombreux citadins de s’implanter dans une grande diversité de régions (rural, petites villes, métropoles provinciales pour les Franciliens, etc.).

Tiers-lieux Normandie

Le PTCE de l’éco-domaine de Bouquetot, dans le Calvados, réunit des acteurs autour du développement durable avec en particulier un angle éco-tourisme rendu possible par un parc patrimonial de 60 hectares, des visites des activités agricoles et économiques qui s’y déroulent et un hébergement dans des cabanes dans les arbres ! Il bénéficie du label « Tiers-lieux Normandie » mis en place par la Région : « Ces lieux ont pour vocation d’accroître la vitalité des territoires et l’émergence de nouveaux projets. » 37 sont déjà labellisés.

Favoriser les projets collectifs de développement territorial

• En matière de tourisme, l’association, la société coopérative d’intérêt collectif, le Pôle territorial de coopération économique, les monnaies locales, sont des outils adaptés pour favoriser une approche territoriale, mobilisant les différents acteurs du territoire.

• La Région peut devenir sociétaire d’une Scic (ce qui lui permet de participer à sa gouvernance), soutenir la création et le développement d’une monnaie locale (dans une optique de relocalisation de l’économie), labelliser des éco-lieux, etc.

Voyager avec une monnaie locale

Au Pays Basque, l’Eusko, première monnaie locale européenne, a mis en place « Vacances en eusko » un dispositif qui permet de fédérer de nombreux prestataires qui proposent aux touristes de régler toutes leurs dépenses en eusko. La Région Nouvelle Aquitaine est aux côtés de l’Eusko dans le cadre de son programme « Tourisme innovant en Nouvelle- Aquitaine », en particulier pour accompagner la mise en place de l’Eusko numérique.

Ôkhra : une Scic + un PTCE

Mettant en réseau une trentaine de structures, le PTCE Matières & Couleurs Lubéron-Provence porté par la Scic Ôkhra valorise les ocres et les couleurs végétales, remettant au goût du jour des savoir-faire ancestraux. « Si on veut garder ce patrimoine vivant, il faut le positionner sur le marché économique. » Pour cela, il s’est positionné sur le secteur touristique et reçoit 33 000 visiteurs chaque année : « Les visiteurs viennent du monde entier et repartent chez eux avec ces produits locaux qui sont une partie du territoire. » La Région Sud, sociétaire de la Scic, a financé l’initiative d’abord en complément des financements de l’État pour les PTCE, puis dans le cadre de son programme EIT (Écologie industrielle et territoriale).

S’appuyer et appuyer les démarches citoyennes

De plus en plus, les touristes sont demandeurs d’expériences originales en dehors des sentiers battus. Cette demande rencontre la volonté des habitants qui veulent faire partager leur ville ou leur pays, et des collectivités qui cherchent à favoriser un tourisme diffus qui ne se concentre pas seulement sur les grands sites souvent surpeuplés. Cela peut concerner les territoires ruraux, avec le réseau Accueil Paysan par exemple, mais aussi les villes. À Marseille, la coopérative Hôtel du Nord propose une expérience tout à fait inédite : rencontrer les habitants des quartiers Nord de la ville, réputés sulfureux, et faire découvrir, par des balades, des séjours et des hébergements chez l’habitant, un autre Marseille.

Soutenir et encourager les initiatives de mutualisation

La Région a un rôle structurant, via son schéma régional de développement du tourisme, en soutenant les démarches collectives qui permettent de créer une dynamique plus forte en matière touristique. Elle a aussi un rôle important en matière de formation des acteurs ou d’appui à la transition numérique.

L’alliance d’une Scop et d’une association

Pionnière du voyage responsable depuis 1973, la Scop Ekitour défend le droit et l’accès aux vacances pour tous. Adossée à la Scop, l’association Ekitour Solidarité met en place des actions de solidarité, accompagne et participe aux activités de rayonnement de la Scop et anime des « communautés d’hospitalité » dans sa région. Une collaboration fructueuse entre l’outil économique (la Scop) et l’outil bénévole (l’association) autour du même projet militant de tourisme social et solidaire, soutenu par la Région Nouvelle Aquitaine. Celle-ci intervient en particulier dans le cadre du programme national d’aides au départ Séniors en Vacances.

Tourisme pour tous en Grand Est

Créée en 1989 sous forme d’association à l’initiative de la Région Alsace, Terre d’Est est une coopérative de tourisme intervenant en Région Grand Est, regroupant plus d’une vingtaine de centres d’hébergement. La Région Grand Est soutient aujourd’hui Terre d’Est au travers d’une aide accordée à l’UNAT Grand Est : Terre d’Est est l’outil de commercialisation de l’offre de tourisme social et solidaire du Grand Est, proposant des vacances pour tous, dans un esprit de solidarité et de mixité sociale.

Une plateforme en Scic

À l’initiative de plusieurs opérateurs coopératifs de tourisme, a été lancée en juin 2019 la plateforme d’intermédiation entre les offres et les voyageurs « les Oiseaux de passage ». Sous statut Scic, elle a vocation à couvrir le monde entier . . . même si pour le moment elle se centre sur l’espace euro-méditerrannéen. Elle rassemble des communautés qui proposent des offres très variées. Selon l’un de ses fondateurs « ce que nous cherchons à modifier avec un outil comme celui-là : proposer des destinations ou des activités auxquelles le voyageur n’aurait jamais pensé, plutôt que de concentrer des masses de visiteurs sur les mêmes destinations. » L’initiative a reçu le soutien de la Région Nouvelle Aquitaine dans le cadre de son Appel à manifestation d’intérêt Innovation sociale.

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