Programmes nationaux et initiatives associatives
Salvador de Bahia, BRÉSIL
Merril SINEUS, 2014
Centre Sud - Situations Urbaines de Développement
Cette fiche présente l’auto-organisation d’un quartier informel à Salvador de Bahia, au Brésil.
L’État brésilien tente diverses stratégies de réhabilitation et de régularisation des favelas, que ce soit au travers de programmes publics nationaux, d’actions municipales subventionnées, ou de projets de coopération internationale. La résolution des problèmes d’habitat urbain est l’occasion d’une négociation entre associations d’habitants et autorités publiques. À la créativité économique et organisationnelle des réseaux dans les bidonvilles, répond le cadre législatif et réglementaire des politiques publiques du logement. Dans les territoires où les services publics n’arrivent pas, les systèmes d’entraide collective sont les premiers vecteurs pour mettre en forme les services adaptés. La capacité d’organisation collective au sein du quartier ou de la communauté dépend de la consistance du réseau associatif et de la densité des relations entre habitants.
Dans la favela du Candeal, à Salvador de Bahia
Les solidarités formées dans le quartier du Candeal se sont construites à partir de relations de voisinage et de petits projets locaux de développement : groupes de musique pour les jeunes, groupes de femmes pour des travaux de couture, cours d’éducation sexuelle pour les enfants, formation de jeunes apprentis… Plusieurs associations s’inscrivent dans la vie de la communauté du Candeal sous forme de services quotidiens aux habitants. Elles ont contribué depuis les dix dernières années à en faire une favela exemplaire en matière d’action sociale micro-locale et d’auto-organisation populaire pour les services urbains collectifs, exemplaire également dans sa pratique de la négociation avec les pouvoirs publics.
La flexibilité de ces associations dans les procédures de plus en plus contraignantes de mise en œuvre de politiques publiques les amène à trouver des solutions d’adaptation des politiques nationales vers leurs besoins. Ces solutions sont l’expression de compétences nouvelles acquises par les habitants acteurs. L’entrée dans un système de financement public place les associations dans une position d’interdépendance avec des acteurs de l’État, de la société civile locale et du « marché » de l’amélioration des quartiers informels. C’est un nouveau défi pour les leaders sociaux, au sein de leur quartier, et l’occasion d’une « capacitation », en termes d’organisation, de montage de projet et de gestion sur le long terme.
Cependant, la relation entre les structures associatives et les autorités locales est peu définie par les programmes nationaux. Elle s’ajuste sur le terrain sur des modèles clientélistes ou au mieux sur des arrangements locaux et des pratiques de contournement, qui peuvent rendre caduques les résolutions participatives des projets. À la machine étatique qui propose des programmes ambitieux au niveau national, se superpose la réalité des projets dans les favelas, dont la réussite est conditionnée par des logiques d’alliances et de concurrences mouvantes entre ONG, associations d’habitants, institutions publiques et partis politiques.
Sources
Merril SINEUS (Architecte-urbaniste, enseignante ENSAPLV) Extrait de : « Les ONG de développement et d’amélioration de l’habitat dans les villes du Sud », mémoire de master en urbanisme IFU « Expertise Internationale Villes en Développement », sous la direction de Serge Allou, 2006