Expérience d’appropriation foncière par la mise en valeur des terres en Mauritanie
Aissatou TOURE, febrero 1998
Dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale (DPH)
Cette fiche a été réalisée à partir d’un entretien avec Cheikhna OULD ELY, lors de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun). Elle aborde la manière dont des agriculteurs, des éleveurs et des artisans se sont regroupés en une Union des Coopératives Agro-Pastorales et Artisanales afin de mieux défendre leurs intérêts.
A la suite des grands cycles de sécheresse des années 1970 aux années 1980, la Mauritanie a connu de grandes mutations sociales avec comme corollaire un important déplacement des populations des zones rurales vers la ville créant ainsi autour de Nouakchott d’immenses bidonvilles au niveau desquels les populations confrontées à des problèmes de survie, développent des stratégies de sortie de crise telles que la création de l’Ucapadan (Union des Coopératives Agro-pastorales et Artisanales) de Darnaîm.
Autrefois non structurés et donc fragiles par rapport à l’autorité, des agriculteurs, des éleveurs ainsi que quelques artisans se sont aujourd’hui organisés en 27 coopératives, regroupées en une Union des Coopératives Agro-Pastorales et artisanales afin de mieux défendre leurs intérêts et pour une meilleure prise en compte de leurs difficultés à travers les programmes locaux et nationaux de développement.
C’est ainsi qu’un périmètre agricole de 40 ha est exploité par l’Union composée de 4500 familles vivant exclusivement des retombées de cette activité. La production de ces coopératives couvre, environ 15% des besoins de la ville, en légumes, produits laitiers et fruits et, à travers la plantation d’arbres, contribue à la lutte contre la désertification.
Ces activités sont essentiellement menées par les femmes, notamment les femmes chefs de familles et les femmes déshéritées.
Malgré l’action de l’Ucapadan, des pressions ont été faites pour que ces périmètres maraîchers soient laissés aux mains de promoteurs immobiliers.
Pour faire face à cette pression, l’Union réagi d’abord en saisissant le Président de la République pour attirer son attention sur le rôle important joué par ces coopératives dans la lutte contre la Pauvreté, ensuite en réalisant 350 forages dont 335 sur fonds propres puis 15 autres sur financement de partenaires.
Néanmoins, la principale difficulté demeure la rareté de l’eau. C’est ainsi que le Département du Développement Rural et la Municipalité envisagent l’installation d’une usine de traitement des eaux usées à l’image de celle de SEBKHA qui depuis 20 ans alimente les périmètres agricoles.
L’organisation des agriculteurs, éleveurs et artisans en coopératives puis en Union des coopératives a joué un rôle déterminant dans leurs relations avec les autorités institutionnelles qui, non seulement les laissent occuper un espace fortement convoité par des promoteurs mais surtout reconnaissent l’importance du rôle qu’ils jouent dans la lutte contre la pauvreté et d’une façon plus générale dans le développement socio-économique de la Mauritanie.
Cette reconnaissance se traduit, d’ailleurs, par un appui de l’État au renforcement des capacités techniques à travers un programme de formation.
Referencias
Cette fiche a été réalisée au cours de la rencontre à Dakar qui a réuni en février 1998 des habitants, des élus, des techniciens des villes de onze pays d’Afrique (Ouest et Cameroun)
Para ir más allá
Cubrilo M., Goislard C., Le Roy E. 1996. Bibliographie et lexique du foncier en Afrique noire.
Ville de Dakar, Sénégal
Mali - Programme National de Vulgarisation Agricole (Français), Banque Mondial, 1999
Agriculture et développement rural, enjeux et pratiques des outils pour agir, Guide pratique de la Coopération Nord-Pas de Calais, Lianes coopération.
Rapport du Sénégal sur l’utilisation saine des eaux usées en agriculture, SOUARE M. M., SAMBE L., MBAYE M., BALDE D. (Rapporteurs). 2010