Châteaufort : commune prisée des Yvelines
Eric Charmes, octubre 2015
Châteaufort est une petite commune résidentielle des Yvelines, département de la grande couronne de Paris le plus aisé et le plus attractif pour les cadres. Au recensement de 2008, Châteaufort comptait 1401 habitants. La croissance démographique de la commune s’est pour l’essentiel produite dans les années 1980, avec le lotissement dit de la Perruche (voir illustration 9). La population, restée aux environs de 800 habitants depuis les années 1960, est passée de 769 à 1427 habitants entre 1982 et 1990. Depuis, la population a stagné voire légèrement décliné, en raison d’une part du vieillissement des ménages arrivés dans les années 1980 (et donc du départ des enfants) et d’autre part de règlements d’urbanisme malthusiens. Les restrictions à la croissance urbaine sont renforcées par l’appartenance de la commune au Parc naturel régional de la Haute-Vallée de Chevreuse (parc créé en 1985, qui couvre aujourd’hui 63 000 ha et regroupe 115 000 habitants, répartis dans 51 communes).
85 % des logements sont des maisons individuelles et 85 % des résidences principales sont occupées par leurs propriétaires. Cette situation, fréquente dans le périurbain français, autorise un rapprochement entre la commune et une grande copropriété pavillonnaire (voir La clubbisation et Aux États-Unis, l’ensemble pavillonnaire privé comme délégataire de service public ?). Ce rapprochement est d’autant plus justifié que la zone bâtie est limitée (elle regroupe environ 540 logements) et qu’elle constitue une unité qui se détache nettement d’un fond de verdure.
Comme l’indique la carte ci-dessous qui montre la distribution des communes de l’Ile-de-France dans le zonage en aire urbaine 2010 de l’INSEE, Châteaufort est l’une des plus proches de Paris parmi les communes périurbaines (à 27 km du centre de la capitale). Elle se situe en outre à proximité d’importants pôles d’emplois. Châteaufort se trouve notamment en limite d’un territoire sur lequel l’Etat a décrété une « opération d’intérêt national » (OIN), le plateau de Saclay, actuellement principalement occupé par des exploitations céréalières. Il s’agit de développer un cluster autour du « plus grand campus d’Europe ». D’importants projets d’infrastructures et d’urbanisation sont en cours de discussion. Ces projets inquiètent beaucoup les Castelfortains quant à la pérennité de leur cadre de vie, même s’ils renforcent l’attractivité de leur commune et donc la valeur de leurs biens.
L’association d’une localisation privilégiée au cœur de la métropole francilienne et d’un cadre encore villageois explique l’attrait exercé par la commune. Entre 1975 et 2011, alors que la part des ouvriers passait de 37 % à 6 %, celle des cadres et professions intellectuelles supérieures passait de 13 % à 51 % (données INSEE). La médiane du revenu fiscal par unité de consommation se situait à 33 500 € en 2009, soit 70 350 € pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. Ce revenu médian place Châteaufort aux environs du 50ème rang à l’échelle nationale (sur 36 600 communes), et au 37ème rang au sein de l’Ile-de-France (1 281 communes). Ce classement doit certes être pondéré par l’homogénéité du peuplement, mais il souligne l’attrait potentiel du périurbain pour des ménages aisés, loin de l’image véhiculée dans les médias d’un périurbain espace de relégation.
Les prix immobiliers sont en rapport avec ce peuplement. Sur un site internet d’annonces immobilières, une maison de 140 m² sur un terrain de près de 600 m² était dernièrement proposée à 450 000 €. Les biens de ce type dominent le marché. On trouve peu de biens à 100 000 ou 200 000 € car il y a peu de petits logements (seulement 9 % des logements de Châteaufort sont des un ou deux pièces, et plus des deux tiers ont plus de 5 pièces). Ceci étant, même si les prix sont très élevés au regard des moyennes nationales, ils ne le sont pas pour les standards parisiens : les maisons de Châteaufort ne sont pas des biens de luxe, de type maison de maître ou hôtel particulier.
Referencias
CHARMES Eric, Lydie LAUNAY, Stéphanie VERMEERSCH et Marie-Hélène BACQUE, 2016, Paris contre la banlieue ? Les classes moyennes dans la métropole, Créaphis [à paraître, titre provisoire]