Un service d’actions bénévoles de première ligne d’aide et de soutien aux personnes sans abri ou mal logées
Dakloozen Actie Komiteit (DAK)
Pascale Thys, septiembre 2001
Cette fiche présente le projet du comité d’action des sans-abri (DAK en Flamand), dont le but est de répondre rapidement aux besoins élémentaires des personnes en difficulté. Pour cela, il soutient un grand nombre de projets et de structures, que ce soit un restaurant social, un soutien en faveur du droit au logement (squat autorisés…) ou du droit à la santé, l’accompagnement des personnes dans leurs démarches administratives…
Cette fiche a été réalisée avec le concours de la DAK, à partir des interviews d’un bénévole et d’un fondateur-bénévole du projet.
Contexte et origines du projet
Fin des années 1990, dans la ville d’Anvers, la problématique du logement se fait plus prégnante aux yeux des fondateurs du DAK. Ils relèvent un manque important d’appartements à louer.
Fondée début 1996, l’association du DAK se destine à aider les gens en difficultés et sans logement à se remettre en ordre au niveau administratif afin de pouvoir louer un logement.
La première action d’éclat du DAK fut de soutenir un squat situé à proximité du quartier où le service se trouve actuellement. Le bâtiment squatté était un bloc d’appartements sociaux fraîchement rénovés appartenant au CPAS d’Anvers. Cet immeuble allait être vendu par la Ville et transformé en appartements de luxe. Avant que les squatters n’investissent le bâtiment, le CPAS avait arraché tous les sanitaires, l’électricité,… Cette occupation symbolique pour le droit au logement a duré pendant quelques temps. « Les difficultés de logement sont profondes à Anvers ”, explique un bénévole et co-fondateur du projet.
Objectifs et enjeux du projet
Le DAK fait partie d’une des quatre “ Coupoles ” de la Ville d’Anvers. Ces “ Coupoles ” sont des centres de coordination en matière d’aide sociale et gèrent des subventions provenant du Fonds d’Impulsion Sociale (SIF) qui sont redistribués en cascade à d’autres initiatives. Le DAK, qui fait donc partie d’un de ces centres, reçoit une subvention qu’il est chargé d’utiliser pour le soutien de projets et d’actions diverses en matières de lutte contre l’exclusion sociale. Le rôle du DAK est d’entrer en contact avec les gens, de parler avec eux et de les accompagner dans leurs démarches au niveau de la mise en ordre administrative et judiciaire par exemple (accompagnement à la police, au CPAS).
“ L’idée est d’offrir un soutien aux squats un peu sérieux ” explique l’un des fondateurs. Par “ un peu sérieux ”, il entend qu’il y ait un projet derrière l’action de l’occupation d’un bâtiment. D’autres conditions au soutien de projets par le DAK sont la non-consommation d’alcool ou de drogue et l’absence de violence.
Un des enjeux du projet est de soutenir des actions militantes en matière de droit d’accès au logement et de soutien à des projets alternatifs en matière de logement. C’est aussi le soutien d’initiatives en faveur des exclus en général.
Population concernée et groupes cibles
L’initiative s’adresse à un public démuni et soutient des projets militants pour le droit au logement. Dans la population touchée, on retrouve des personnes ayant des problèmes de toxicomanie, d’alcoolisme, de prostitution, de logement, de santé, …
Montage financier
Le DAK est subsidié par le Fonds d’Impulsion Sociale (SIF) à concurrence de 1 million de FB par an.
Par ailleurs, le DAK organise des collectes régulières et reçoit beaucoup d’aides en nature (nourriture, mobilier, vêtements) qu’il redistribue aux différents projets qu’il soutient.
Enfin, le DAK est un réseau de bénévoles comprenant 8 ou 9 personnes qui changent au fil du temps. Parmi ceux-ci, deux sont fondateurs et deux autres travaillent régulièrement à la cuisine pour préparer les repas proposés aux personnes en difficultés. Deux bénévoles travaillent dans le cadre du projet “ Quetelpatrouille ”.
Le bâtiment du Quetelpatrouille est prêté par la ville qui est propriétaire, mais l’association doit supporter les charges.
Le DAK dispose d’un rez-de-chaussée dans lequel il a installé le restaurant social et où se déroule l’accueil des personnes en difficultés.
Partenaires du projet
Le DAK travaille beaucoup en relais vers d’autres services sociaux. Il fait en outre partie du Front Commun des SDF (Sans Domicile Fixe).
Déroulement du projet
Le DAK offre un service de restaurant social. Ce restaurant à bas prix est un moyen pour établir un contact avec les gens. Il propose des repas quatre jours par semaine. Le local est ouvert de 11 h à 18 h, 6 jours par semaine en hivers, cinq jours par semaine à partir de Pâques.
On y propose du thé, du café, de la limonade, de la soupe. La soupe accompagnée de pain est au prix de 10 FB, le repas à 50FB mais, selon le cas, c’est parfois gratuit. Cet espace d’accueil et de rencontre permet aussi d’orienter les gens vers d’autres services. Dans les locaux, il est interdit de consommer de l’alcool ou de la drogue mais on peut y venir lorsque l’on en subi encore les effets. La violence est proscrite.
Dans le cadre des activités de soutien et de facilitation de l’installation de Squats, divers projets sont accompagnés. Le soutien du DAK passe par l’apport de son expérience au niveau des “ procédures ” pour s’installer dans un bâtiment inoccupé, une aide à la négociation avec les autorités locales, la redistribution de vivres et d’autres moyens en nature (dont du mobilier par exemple).
Parmi les projets, il y a le Squat d’un vaste zoning industriel désaffecté voué à accueillir prochainement une nouvelle construction. C’est un Squat dit “ alternatif ”, qui rassemble essentiellement des femmes, plutôt bohèmes, avec un projet de type artistique et de vie communautaire. Les squatters proposent aussi des animations dans une pleine de jeux improvisée pour les enfants du quartier voisin.
Un autre Squat tout proche appelé “ Los Squatos ” a ouvert un bar accessible à tous, et compte créer un cinéma de quartier avec des soirées thématiques.
Le “ Quetelpatrouille ” est un projet qui tente de venir en aide aux jeunes femmes nigérianes livrées à la prostitution. « Ces femmes, explique un bénévole, arrivent massivement en Europe et doivent se prostituer pour s’affranchir de la personne qui leur a permis d’entrer en Europe »}. En plein cœur du quartier des prostituées, le Quetelpatrouille offre un logement, de la nourriture, des vêtements, un accompagnement chez le médecin et fait de la prévention et de l’éducation à la santé. Les bénévoles initient également à la langue flamande. Il y a une douzaine de lits où une soixantaine de femmes viennent par pauses se reposer dans cette maison qui offre un peu plus de sécurité et de confort. Le projet reçoit 10 000 FB par mois du DAK, essentiellement pour payer des préservatifs aux femmes.
Le “ Tabu projet ” est un projet qui s’adresse à des jeunes qui sont dans la rue et qui ont des problèmes de drogue et veulent arrêter. Le bâtiment occupé par le projet est un Squat dans une grande bâtisse des environs du port. La personne qui a lancé le projet explique que la seule tolérance en matière de drogue est une consommation discrète de joints.
Le “ Duiven Kot ” est un projet plus ancien, lieu d’accueil et de lancement d’autres projets. Le bâtiment, vide depuis 20 ans, chauffé, alimenté en eau et en électricité, appartient à la commune. L’immeuble s’est organisé en abri de nuit informel et propose 10 lits pour la nuit. Trois personnes sont présentent pour l’accueil de nuit. Le Squat a également pour objectif d’orienter les personnes en journée et de proposer de l’accueil de jour. Le DAK soutient encore d’autres squats.
Il y a aussi eu une intervention en faveur de femmes logées à l’Armée du Salut qui se sont retrouvées à la rue pour attribuer les locaux à d’autres personnes. Le DAK a entamé des tractations auprès du SIF (Sociaal Impuls Fonds) et de la commune pour trouver une solution pour ces femmes.
Le DAK s’est mobilisé également contre le reflux de personnes endettées par les hôpitaux. “ A cause du coût des hospitalisations, des gens sortent endettés des hôpitaux car ils ne peuvent payer le coût de l’hôtel ”, explique l’un des fondateurs. Les personnes dans cette situation sont alors refusées d’accès aux soins de l’hôpital. Le DAK intervient alors à la demande des usagers pour négocier. Si les soins sont urgents, le service mobilise du monde et fait une occupation de l’hôpital. Ils ont par exemple occupé les urgences d’un hôpital qui refusait de soigner quelqu’un. Afin de mobiliser l’opinion publique, ils se sont fait accompagner d’un journaliste et d’un photographe. Ils ont également fait constater le refus de délivrer des soins urgents par un conseiller communal.
Enfin, lorsque le DAK rencontre une personne dans un appartement insalubre, il entame des démarches auprès du propriétaire pour tenter de faire changer les choses.
Perception du projet par les acteurs
Résultats quantitatifs
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Environ 90 personnes par jour passent au DAK.
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Le “ Tabu Projet ” touche actuellement 3 jeunes et pourrait en accueillir 2 de plus.
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Le Quetelpatrouille accueille un grand nombre de femmes : environ 60 par jour. En 6 mois, ce sont plus de 300 femmes différentes qui sont passées par ce refuge.
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Les informations manquent au niveau de la fréquentation des autres projets.
Résultats qualitatifs
Serein, le co-fondateur du projet semble très conscient des limites de l’action qu’il mène au sein du DAK. Il explique qu’en tant que service de première ligne, peu structuré, aux côtés des personnes en difficulté, le DAK permet aux gens de retrouver un point de repère, un lieu où renouer des liens, un lieu où structurer des revendications légitimes.
Quelqu’un présent dans le restaurant explique qu’il a un petit studio et une voiture mais qu’il vient régulièrement au restaurant social du DAK parce qu’après tout ce qu’il a à payer, il ne lui reste plus grand chose pour vivre. “ En plus, dit-il, ça me permet de rencontrer des gens et de bavarder un peu”.
Efficacité du projet
Le service est très efficace en terme d’aide concrète aux personnes. Il tente de répondre aux différents besoins élémentaires des personnes (se loger, se nourrir, s’habiller, se soigner, …). De plus, le DAK tente de susciter et d’apporter un soutien à la mobilisation des personnes en difficultés.
La participation
Toutes les personnes qui viennent au DAK peuvent participer à l’action et s’impliquer bénévolement dans les projets. Un bénévole explique qu’après un long séjour en Afrique, il est rentré à Anvers où, explique-t-il, « j’ai habité dans une boîte en carton pendant quatre mois ». Après avoir rencontré le DAK, il y est devenu volontaire bénévole. Il se charge de faire le tour des commerces, des boulangeries et des marchés pour récolter les surplus et les invendus afin de les redistribuer aux différents projets soutenus par le DAK. “ Pour moi, explique-t-il, le DAK me donne une bonne raison de vivre ”.
Avancées au niveau du droit
Au niveau du droit, lors de la prise de squat, l’équipe a développé un dialogue stratégique avec les autorités de la Ville pour faire valoir le droit de tous à un habitat.
Le service défend le droit aux soins de santé et aux autres droits élémentaires.
Le projet comme processus
Pour beaucoup, les changements sont imperceptibles et difficilement évaluables.
Selon l’un des fondateurs rencontrés, « il y a peu d’espoir de faire quelque chose pour les gens qui viennent au DAK, si ce n’est leur donner à manger et d’autres biens de première nécessité ». Il poursuit en disant que, d’après lui, ces personnes représentent la “ pauvreté résiduelle ”, ceux qui ne pourront jamais réintégrer une vie traditionnelle.
Difficultés rencontrées, blocages, handicaps
Le profil de la population rencontrée et le travail avec celle-ci sont difficiles. Il y a beaucoup de problèmes d’alcool et de drogue. Ils sont peu structurés. La fragilité de la population explique que certains projets lancés avec le DAK peuvent mal tourner. Le coût de la vie est aussi un problème pour beaucoup de gens.
Un des handicaps du projet est qu’il tient essentiellement dans le travail des deux fondateurs qui maintiennent la cohérence du projet et ont l’habitude de parlementer avec les autorités.
Atouts du projet et causes de réussite
Un des atouts du DAK est d’entretenir de bons contacts avec les politiques locaux et de jouir d’une certaine confiance et notoriété par rapport à leurs actions. Ils ont prouvé par le passé aux autorités qu’ils savaient tenir leurs engagements et, par exemple, qu’il est possible de vivre une vie communautaire sans eau, sans électricité et sans gros problèmes de violence. Ils profitent aussi de la médiatisation des actions qu’ils mènent. Toutefois, le DAK doit rester vigilant et garder une certaine distance par rapport au pouvoir par crainte d’être considéré par les bénéficiaires comme étant un service à la solde du pouvoir.
Pour le bénévole qui collecte les vivres, “ la ville est riche et il y a beaucoup de surplus à redistribuer. Ici à Anvers, si un gars a besoin d’argent, il peut trouver un travail pour une journée ou une semaine sans difficulté ”.
Chacune des personnes impliquées semble savoir ce qu’elle a à faire et le fait de manière autonome. En outre, ils ont l’habitude d’être “ dans la débrouille ” pour trouver des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent dans les projets qu’ils mènent.
Perspectives de développements futurs du projet
Ils n’ont pas été énoncés lors de la rencontre et des contacts si ce n’est le désir de poursuivre le projet.
Para ir más allá
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DAK : Steenbergstraat 5, 2000 Antwerpen - Tél. : 03 213 16 33