Covoiturer en Déodatie pour répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la mobilité
enero 2023
Association Nationale des Pôles territoriaux et des Pays (ANPP - Territoires de projet)
Dans le cadre de son Plan Climat, dont l’objectif est de réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, le Pays de la Déodatie a mèné un projet de création de parkings de covoiturage dans le cadre du programme CEE (Certificat d’Économie d’Énergie) AcoTE (Acteurs et COllectivités engagés pour l’éco-mobiliTÉ), visant à « Massifier le recours au covoiturage du quotidien ». En effet, un grand nombre d’habitants de la vallée de la Meurthe se déplacent quotidiennement vers Saint-Dié-des-Vosges. Alors pourquoi ne pas partager ses trajets ? La Déodatie s’est lancée dans le projet.
Para descargar: enquete-mobilite-1.pdf (1,9 MiB)
La mobilité est un enjeu majeur en territoire rural et péri-urbain. La dépendance à la voiture est un poids considérable sur le budget des ménages (entretien, énergie, véhicule). C’est pourquoi différentes solutions alternatives à la voiture se développent, dont notamment le covoiturage du quotidien. Covoiturer pourrait relever du bon sens, puisqu’il permet de faire que le véhicule individuel devienne un transport collectif. Pour développer le covoiturage, les territoires peuvent faire appel à des prestataires qui sont experts dans le covoiturage du quotidien. Plusieurs opérateurs existent et proposent des solutions de lignes de covoiturage, adaptées aux territoires. Elles mettent en relation conducteur et passager par le biais d’une application disponible sur smartphone. Les transferts d’argent sont faits via l’application. Depuis la loi d’orientation et des mobilités (LOM) de 2019, le législateur a souhaité lutter contre les zones blanches de mobilité. Pour cela, il a souhaité décentraliser l’autorité de gestion de la mobilité aux communautés de communes. La compétence était historiquement liée à la région jusqu’ici. Ce faisant, les CC avaient un an pour se décider à prendre ou non la compétence. Une fois la compétence obtenue, les CC peuvent décider de déléguer cette compétence à un échelon supra, le PETR. Ainsi, dans ce rôle d’accompagnateur, le PETR peut sensibiliser et accompagner les EPCI membres vers cette prise de compétence mobilité. Ici le PETR de la Déodatie travaille avec la Communauté d’Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges dans un programme de covoiturage CEE AcoTE.
Les programmes CEE et le partenariat public/privé
Les programmes CEE pour Certificat d’Économie d’Énergie sont des dispositifs accessibles aux particuliers, entreprises et collectivités. Ils représentent un levier afin de financer des actions visant la réduction de consommation énergétique et émissions de gaz à effet de serre. Les CEE peuvent concerner la rénovation des bâtiments, le changement de source de chaleur, mais aussi des programmes de sensibilisation à l’image du programme AcoTE. Le programme AcoTE pour Acteurs et Collectivités engagés pour l’écomobilité vise à sensibiliser 25.000 élus et décideurs publics aux vertus du covoiturage et coconstruire 100 lignes de covoiturage entre 2019 et 2023. Porté par un consortium d’acteurs ANPP Association nationale des PETR/Pays, CertiNergy & Solutions filiale d’ENGIE spécialisée dans les CEE et LaRoueVerte opérateur de covoiturage du quotidien. Le programme offre différents outils comme un site web, un réseau d’acteurs, des webinaires sur le sujet des mobilités, mais aussi des retours d’expériences. Le CEE est intéressant pour les collectivités à plus d’un titre. En effet, ils permettent une première année de programme CEE sans aucun reste à charge. Cela comprend la sensibilisation des élus, et la première phase de co-construction des lignes de covoiturage. A la suite de la première année, les collectivités ont à leur charge un reste. Ce reste à charge est progressif et permet aux collectivités de trouver un modèle économique aux lignes. Un partenariat public/privé comme celui du CEE AcoTE c’est bénéficier pour la collectivité d’un accompagnement par des experts, bénéficier de retours d’expériences d’autres collectivités, et bénéficier de fonds qui permettent l’innovation comme les lignes de covoiturage.
L’exemple de la Déodatie
Le territoire du Pays de la Déodatie se situe dans la région Grand-Est dans le département des Vosges. Il est composé de 119 communes regroupées en trois intercommunalités à savoir : la Communauté d’Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges (CASDDV), la Communauté de Communes Bruyères Vallons des Vosges (CCB2V), et la Communauté de Communes Gérardmer Hautes Vosges. Ce territoire essentiellement rural regroupe plus de 105.000 habitants sur 1400km2 de superficie. La mobilité s’y effectue très majoritairement en voiture et le plus souvent seul dans son véhicule. Pour lutter contre ce phénomène, 3 lignes de covoiturage avec le programme AcoTE sont expérimentées. Ces 3 lignes ont été identifiées à la suite de la co-construction avec les habitants. En termes de flux de voyageurs, il y a 300 navetteurs du quotidien sur chaque axe identifiés. Le partenariat avec le PETR pour la CA de Saint-Dié-des-Vosges (territoire sur lequel sont expérimentées les lignes) a permis de mobiliser les élus du bassin de vie notamment dans la phase de sensibilisation.
La réception par les habitants
À l’image de Isabelle et Rosa, utilisatrices des lignes Ilicov>>, les lignes de covoiturage sont bien accueillies par les habitants, car elles ont de nombreux avantages. Elles permettent de faire des économies sur le carburant, diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre et enfin et surtout créer du lien social. Ces deux utilisatrices se sont rencontrées en covoiturant et depuis ont sympathisé. Ce service permet aux habitants de «joindre l’utile à l’agréable» et leur permet de faire partie d’un programme innovant. Le trajet d’un quart d’heure des deux utilisatrices est devenu une habitude. C’est une solution de mobilité à part entière qui a vu le jour grâce aux lignes de covoiturage. Pour les personnes se déplaçant quotidiennement sur les tracés des lignes, les frais sont moindres et ils ne sont plus obligés d’avoir recours à leur voiture.