Le Schéma d’Accessibilité de la Ville de Paris
François PROCHASSON, 2005
Conseil National des Transports (CNT)
François PROCHASSON, chef de projet déplacements à l’agence de la mobilité de la Ville de Paris, présente un extrait de son texte sur la mobilité et l’accessibilité pour tous publié dans « Villes et vieillir » de juillet 2004.
Le « schéma directeur d’accessibilité de la voie publique aux personnes handicapées » de la Ville de Paris de juillet 2002 est un guide qui s’impose à l’ensemble des services travaillant aujourd’hui sur la voirie parisienne. Ce guide émane d’une délibération du Conseil de Paris et, par conséquent, d’un débat et d’une négociation menés pendant près de six mois pour savoir comment bâtir un compromis acceptable entre des préoccupations parfois divergentes.
Les malvoyants n’ont pas les mêmes préoccupations d’aménagement de l’espace public que les personnes en fauteuil roulant. Comment rendre compatible la giration d’un camion de pompier ou d’un bus dans une rue étroite avec la nécessité de faire des traversées piétonnes les plus courtes possibles ? Voilà le type de questions qui se posent quand on aménage l’espace public.
Ce texte a fait l’objet d’une formation de l’ensemble des personnes qui travaillaient sur l’espace public parisien. Transformer cet espace est un travail de longue haleine. Et l’espace public de qualité coûte très cher.
L’aménagement de l’espace public soulève maintes contradictions. Par exemple, la RATP, confrontée au problème de la fraude, installe de plus en plus de portillons de type « châteaux forts ». Demander aujourd’hui à une personne âgée avec des cannes de passer de tels portillons, c’est de fait lui interdire l’accès au métro. Par ailleurs, la mobilité, c’est la vitesse. Dans le cadre du PDU (Plan de Déplacement Urbain) en effet, il est demandé que nos bus aillent plus vite. L’objectif d’aller plus vite, d’être plus productif et plus opérationnel peut en contrarier un autre qui est être plus accessible. Une ville plus productive et plus opérationnelle est parfois une ville plus « excluante » pour ceux qui ont justement des difficultés d’accès. Nous sommes donc conduits à confronter des objectifs et des politiques parfois contradictoires. Offrir du service et arrêter d’offrir de l’aménagement devrait être le mot d’ordre.
Par ailleurs, l’usage des espaces publics peut mettre en conflit les piétons, les automobilistes, les handicapés, les personnes âgées, les livreurs, les jeunes. Un diagnostic partagé est une condition du bon aménagement de l’espace public. On ne peut se contenter d’établir un schéma d’accessibilité et d’organiser la ville uniquement sur cette base.
A Paris, les conflits sont d’autant plus lourds qu’il y a énormément d’usagers. Nous avons donc à identifier tous les acteurs qui ont à faire à cet espace public. L’une des difficultés de la concertation réside dans ce que les professionnels de la participation appellent les « tiers absents ». Les personnes âgées, catégorie particulière d’utilisateurs de l’espace public, posent problème parce qu’elles ne sont présentes ni dans le débat, ni (c’est pire) dans l’espace public.
Dans les rues parisiennes, on croise très peu de personnes qui s’accompagnent de cannes, de déambulateurs, de fauteuils ou de véhicules électriques. C’est un espace public dur, qui effraie et qui dissuade les personnes qui ont des difficultés à se mouvoir. Il en résulte une non mobilité pour ces catégories de personnes. Leur permettre de réinvestir l’espace public, d’augmenter leur mobilité, est aujourd’hui un véritable enjeu, un débat d’avenir pour Paris.
Referencias
Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.
Para ir más allá
Pour plus de renseignements, voir le Plan de mise en Accessibilité de la Voirie et des Espaces publics de la ville de Paris : PAVE
Pour accéder à l’ouvrage dont est extrait le texte : Villes et Vieillir