Le pays de Montbéliard a une longue expérience de collectes sélectives et de valorisation des déchets ménagers

Ina Ranson, 2006

Le Pays de Montbéliard s’est lancé dans les premières collectes sélectives dans le début des années 70. A partir de 1981, la gestion des conteneurs de papiers et de cartons est confiée à la Communauté d’Emmaüs. En 1987, le District du Pays de Montbéliard (DUPM)lance la collecte sélective des huiles moteurs et celle des piles, en installant une cinquantaine de conteneurs, répartis entre écoles et centres commerciaux.

La stratégie de longue haleine accompagnée de campagnes d’information et de sensibilisation et qui mise en premier lieu sur la responsabilisation et la bonne volonté des habitants a porté ses fruits. Aujourd’hui, l’exemple du pays a fait des adeptes dans les communes avoisinantes.

L’organisation de la collecte

La collecte sélective des déchets ménagers est organisée en régie. Elle emploie six chauffeurs et s’articule autour de trois dispositifs principaux reposant sur l’apport volontaire des habitants :

  1. Les points recyclage : conçus comme équipements de proximité et accessibles 24 heures sur 24, ils invitent les habitants à déposer leurs déchets recyclables dans des conteneurs appropriés : le verre, le papier, le carton, les flaconnages (bouteilles plastiques, aérosols, boîtes et briques de boisson), huiles de vidange et piles. L’entretien est à la charge des communes.

  2. Les conteneurs isolés, notamment pour le verre (environ 200)et pour les huiles moteur (environ 50).

  3. Les déchetteries : il en existe aujourd’hui quatre, dans des secteurs géographiques plus importants qui reçoivent gratuitement des produits triés, récupérables et recyclables. L’opportunité d’installer une cinquième déchetterie d’ici l’an 2002 est à l’étude.

On peut y déposer les mêmes matériaux que dans les points recyclage, mais également : des déchets verts (gazons, tailles, branches), les vieux métaux, les gravats, les appareils ménagers, le bois d’oeuvre, le polystyrène expansé, les huiles ménagères, les piles et batteries, les produits toxiques (diluants, peintures, médicaments etc…)et les textiles.

Cette collecte sélective est complétée par une démarche également libre et volontaire des habitants basée sur le compostage individuel des déchets organiques. Environ 3000 composteurs individuels en plastique recyclé ont déjà été distribués aux particuliers, au prix de 200 F pièce, après participation districale.

Le tri et la valorisation des déchets

A la sortie des Points Recyclage et à l’exception du verre, des huiles de vidange et des piles repris en l’état par des récupérateurs ou des éliminateurs agréés, les produits collectés nécessitent un tri avant recyclage. Les bouteilles plastiques, aérosols boîtes et briques de boissons sont envoyés sur une chaîne de tri qui emploie deux personnes à temps plein et six emplois « aidés ».

Les papiers et les cartons sont dirigés sur le centre de tri de la Communauté Emmaüs de Montbéliard où ils sont séparés en différentes catégories, en fonction des exigences des repreneurs. Le tri et le conditionnement des matériaux emploient 12 personnes à temps plein. Les cartons sont dirigés vers la papeterie du Doubs à Novillars.

A la sortie des déchetteries : tous les appareils ménagers (cuisinières, réfrigérateurs….)sont remis à l’association ENVIE. Cette association d’insertion regroupe des chômeurs qui réparent les appareils, si possible, en vue d’une revente à bon marché.

Les appareils réfrigérants non réparables sont « détoxiqués » et envoyés à Emmaüs qui les démonte en vue du recyclage des matériaux. Le bois est pour partie valorisé comme énergie pour chauffer les locaux d’Emmaüs. Les déchets verts sont broyés sur une compostière districale. Ouverte en août 1994, la capacité de cette compostière est de 3 500 tonnes/an. Elle sert pour l’amendement agricole. Les gravats partent à destination de plateformes industrielles où ils sont utilisés en remblai. Enfin, les non recyclables (par exemples matelas ou polystyrène)et les autres encombrants non incinérables sont envoyés en décharges contrôlées.

Les ordures ménagères non récupérées sont acheminées vers une usine d’incinération qui alimente le réseau de chaleur d’un quartier d’habitat collectif. Construite en 1987, elle est dimensionnée pour traiter 60 000 tonnes d’ordures par an et respecte les normes de dépollution actuelles.

C’est pour ne pas être obligé d’augmenter la capacité de traitement de l’incinérateur que le DUPM a tout mis en oeuvre pour généraliser les collectes sélectives à l’ensemble de l’agglomération.

Des quantités et des coûts

Le DUPM traite aujourd’hui les déchets ménagers de ses 28 communes membres (soit 123 530 habitants)et ceux de 91 communes clientes (soit 39 450 habitants). L’incinération des ordures ménagères (environ 52 000 tonnes effectives)a permis la production de 45 300 Mwh.

En 1998, le prix global du traitement d’une tonne de déchets urbains (incinération et recyclage confondus)facturé au communes membres du DUPM a été de 532 F, et de 624 F pour les collectivités extérieures n’ayant pas participé à l’investissement.

Les tonnages des matériaux récupérés aux points recyclage, nettement supérieurs à la moyenne nationale, en apport volontaire, témoignent de la participation assidue des habitants.

Un site pilote d’Eco-emballages

Depuis décembre 1995, le DUPM est un des sites pilotes d’Eco-emballages, un contrat programme signé pour une durée de six ans qui concerne tant les 28 communes du District que les 91 autres communes clientes de l’usine d’incinération.

La multiplication des points recyclage dans les 91 communes clientes ainsi que l’organisation de campagnes de communication devraient permettre d’atteindre les objectifs ambitieux fixés avec ECO-EMBALLAGES S.A, pour 1999, par exemple : gisement de déchets d’emballages ménagères : 15 338 tonnes, valorisation matière totale - recyclage: 9 153 tonnes…

La gestion multifilière des déchets fait partie d’une politique globale de développement durable.

Une convention signée avec l’ADEME (Agence Environnement et Maîtrise Energie)permet au District de bénéficier des aides issues du Fond de Modernisation de Gestion des Déchets (FMGD).

Une crainte pourtant : si les objectifs ambitieux fixés avec ECO EMBALLAGES invitent à tout mettre en oeuvre pour que l’invitation au tri soit encore mieux suivie, ils n’incitent guère les entreprises à réduire leurs emballages. Arrivera-t- on ainsi à réduire les déchets à la source ?

Sources

  • GOSSELIN, Jean Luc, District du Pays de Montbéliard, La Valorisation des déchets ménagers et les collectes sélectives dans le Pays de Montbéliard, 1998 (France)