Les enjeux du développement durable pour une coopération décentralisée durable

Katia Buoro, Xavier Desjardins, 2012

Depuis la Sommet de la Terre de Rio, en 1992, la coopération décentralisée peut permettre la diffusion des concepts du développement durable, notamment du développement urbain durable. En fait, cette coopération porte souvent sur les ressources naturelles, leur gestion ou l’environnement. Les pays du Nord peuvent, dans ces domaines, promouvoir le développement durable auprès des pays du Sud. L’eau, l’environnement, les déchets sont en effet des secteurs de prédilection pour de nombreuses opérations conduites dans les pays du Sud.

De nouvelles réflexions voire de nouvelles pratiques sont alors stimulées par cette coopération entre territoires du Nord et du Sud. La durabilité des actions et des programmes, la préservation de l’environnement local sont un ensemble d’enjeux nouveaux qui amènent les villes ou pays du Sud à se poser de nouvelles questions quant à leur développement.

La coopération décentralisée joue un rôle dans cette transition pour un développement durable. Car elle ne vise pas uniquement à répondre aux besoins urgents et présents qu’éprouvent les populations, elle vise aussi à transmettre des savoir-faire dans la gestion des questions fortement liées à l’environnement et à assurer des revenus pérennes aux générations actuelles ainsi qu’aux générations futures du pays. Ainsi la coopération décentralisée permet-elle, par exemple, aux pays du Sud de penser le développement de leur économie selon les préceptes de l’économie solidaire que les pays du Nord ont développés. Plus généralement, les enjeux du développement durable s’imposent à la coopération décentralisée dans plusieurs de ses modes opératoires : l’approche sectorielle qui s’intéresse à des domaines spécifiques, comme celui de l’eau, l’approche par les capacités des acteurs, enfin l’approche institutionnelle dans sa mission internationale.

Intéressons-nous plus précisément au secteur de l’eau. La notion de développement durable s’applique particulièrement à cette ressource et à sa gestion. Elle promeut une protection qui se veut préventive et un partage équitable de l’eau. La nouvelle alliance entre l’eau et le développement durable ne peut donc se faire qu’à l’échelle du cycle hydraulique et par une gouvernance plus « sociétale » selon le terme de Bernard Guesnier, cette gouvernance doit associer les gouvernements concernés, souvent transfrontaliers, mais aussi les citoyens.

En effet, les bouleversements liés aux activités humaines qui affectent cette ressource sont de plus en plus importants depuis quelques décennies. Les disponibilités en eaux sont fonction de nombreux éléments qui agissent sur le cycle hydrologique : la déforestation, l’extension des cultures irriguées qui provoquent l’assèchement de lacs ou de rivières, les prélèvements excessifs dans les nappes phréatiques ou la pollution des rivières transformées en égouts. Le développement durable permet d’agir sur l’ensemble de ces facteurs pour améliorer la quantité et la qualité de la ressource.

La coopération décentralisée avec les collectivités étrangères permet une diffusion de savoir-faire pour gérer ces enjeux de l’eau et du développement durable. Pour B. Guesnier, cela représente une opportunité de rapprocher le citoyen de la décision, dans le cas, par exemple, de la création des équipements de proximité (forages de puits dans les villages). La coopération décentralisée permet alors un rapprochement culturel des sociétés civiles des nations qui coopèrent. Le transfert de savoir-faire et d’expérience qui se met en place entre elles est lui-même durable.

La coopération entre la ville de Château-Thierry et l’association Asatana Solidarité illustre cette évolution. En huit ans d’échanges, un programme de réhabilitation de réseaux hydrauliques a été réalisé. Cela a eu, certes, pour but de favoriser le financement de projets, ainsi que l’intervention des de certaines sociétés industrielles, mais les actions menées dans ce cadre contribuent aussi au développement durable. Elles peuvent faciliter l’appropriation, la maîtrise de l’exploitation et de l’entretien des installations créées pour la collectivité. L’accompagnement apporté par la collectivité française se poursuit, depuis la conception du projet, en concertation avec la collectivité partenaire, avec un appui à la maîtrise d’ouvrage, jusqu’à l’éducation sanitaire des usagers, en passant par la formation à la gestion et à la maintenance des équipements réalisés.

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