Créer les conditions du dialogue : parler le même langage
Module 4.1 du Mooc « Acteurs, leviers, outils pour mener les transitions du système alimentaire »
Dominique BERNIER, 2018
Pour engager une démarche de transition alimentaire, l’une des premières étapes sera sûrement de clarifier de quoi nous parlons : système, stratégie, projet alimentaire…
Une certaine confusion peut apparaître aux yeux des parties prenantes, dès lors que l’on utilise des termes que chacun peut revêtir d’un sens différent.
Il s’agit donc de s’assurer que nous parlons de la même chose et de créer les conditions du dialogue commun. Des cultures professionnelles différentes, sur une question particulièrement multi-dimensionnelle, peuvent en effet susciter des incompréhensions notables.
Ici, nous distinguerons la notion de système alimentaire de celle de projet alimentaire.
Pour le système alimentaire, nous retenons la définition de Louis Malassis, soit la « manière dont les hommes s’organisent, dans l’espace et dans le temps, pour obtenir et consommer leur nourriture »1.
Le terme de projet alimentaire territorial, consacré dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt de 2014, renvoie à l’idée d’un cadre d’action estampillé « alimentation » pour les acteurs territoriaux. Ce cadre leur permet de structurer des politiques sectorielles autour de l’enjeu alimentaire, à l’échelle du territoire. Les PAT s’appuient sur un diagnostic partagé et sont élaborés de manière concertée à l’initiative des acteurs d’un territoire.
La stratégie alimentaire territoriale sera alors l’ensemble cohérent des choix d’objectifs et de moyens qui orientent à moyen et long terme les politiques et activités des acteurs territoriaux sur l’alimentation. Elle se traduira en une diversité de projets. Pour la collectivité, elle se traduira éventuellement dans le cadre d’un projet alimentaire territorial.
Quelle que soit la terminologie retenue sur votre territoire, la démarche visera idéalement la promotion ou la transition vers une alimentation durable. Cette transition ou la promotion d’une alimentation durable qui agrège - nous l’avons vu dans les modules précédents - agrège six grandes dimensions liées aux enjeux de santé, aux enjeux sociaux, aux enjeux économiques, aux enjeux environnementaux, aux enjeux démocratiques et aux enjeux d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Cette démarche et s’appuiera sur la mobilisation des sphères d’acteurs associées à chacune dimension, considérant que chacun détient une part de l’expertise et une part de la responsabilité pour construire le système.
Créer un climat propice à ce dialogue appelle à respecter quelques principes et étapes pour passer du je au nous. Il s’agit de reconnaître chaque acteur dans ce qu’il fait – chaque acteur, donc même celui avec lequel on est en désaccord - pour lui permettre de donner sa perception du système alimentaire territorial.
En guise d’exercice pratique, nous vous invitons à prendre maintenant quelques instants pour mettre par écrit ce que vous pouvez envisager de faire dans votre contexte de travail pour créer les conditions du dialogue.
1 MALASSIS L., 1994, Nourrir les Hommes, Dominos-Flammarion, Paris : 110 p.