Construire un système d’échanges d’expériences à l’ère de Google
Pierre Calame, enero 2018
Les avancées technologiques et la puissance des algorithmes de recherche donnent un accès permanent et sans enrichi à une connaissance diffuse. Les praticiens du quotidien appellent pourtant régulièrement à des mises en réseaux et des échanges sur leurs problématiques concrètes. C’est donc qu’ils peinent à trouver les réponses à leurs questions et à rendre opérationnelle les connaissances cumulées. La connexion des bases de données apparaît alors comme une demande sans cesse renouvelée, accompagnée d’une méthode de reliance qui corresponde aux attentes concrètes de ceux qui font :
Dans le passé, la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme avait mis en place un système d’échange d’expériences, une banque de données dite DPH, Dialogue pour le Progrès de l’Humanité. Qu’est-devenu ce système ?
Effectivement, dès le milieu des années 80, convaincus comme on le disait à l’époque que « la connaissance la plus utile à l’action naît de l’action elle-même » nous avons mis en place un système d’échange d’expériences commun à différentes organisations, ce qui permettait de mutualiser des études de cas venues de tous horizons. A l’époque, Internet n’existait pas. Même si DPH a été pour de nombreuses organisations la première occasion de s’exercer à la rédaction d’études de cas et à une démarche de capitalisation d’expériences, le partage de ces études de cas demeurait techniquement laborieux : chacun, sur son propre ordinateur, devait mettre à jour sa base d’expériences grâce à la diffusion de disquettes souples contenant les nouvelles fiches de cas.
Mais, au fil des années, même avec l’apparition d’Internet, nous nous sommes heurtés à une seconde difficulté, la question de l’identité. Dès lors que l’on a une base de données unique, DPH, c’est elle qui impose son identité. Les organisations qui contribuent à l’alimenter craignent que leur identité s’y dissolve. Enfin, pour la petite histoire, l’idée première de DPH, était celle du troc : nous pensions que chacun souhaitait recueillir l’expérience des autres et était prêt, pour cela, à mettre à leur disposition sa propre expérience. Or, au fil du temps, nous avons découvert que la première vertu de DPH était de proposer à chacun un cadre méthodologique pour mettre en forme sa propre expérience et que c’était cela qui comptait pour lui plus encore que l’accès à l’expérience des autres.
Dès lors, il était préférable d’aider différentes organisations à mettre en forme leur expérience et de mutualiser le tout sur un site ouvert au grand public.
Ces différentes évolutions et constats nous ont conduit, au début des années 2000, à créer ce que l’on a appelé la COREDEM, Confédération de Ressources pour une Démocratie Mondiale, www.coredem.info. La COREDEM mutualise les ressources documentaires de plus de trente sites ressources. Chacun d’eux garde son identité : l’un est consacré au recensement des films de lutte sociale, l’autre à l’art de la paix, le troisième à la gouvernance territoriale, le quatrième à la socio-économie solidaire, etc.. Chacun garde son identité mais un moteur de recherche commun permet d’aller chercher l’information sur l’ensemble des sites. C’est un système qui a maintenant fait les preuves de son intérêt.
On se heurte alors, a fortiori quand les thèmes abordés par les différents membres de la confédération s’intéressent à des sujets très différents les uns des autres, à une question sémantique majeure. A un plan trivial, c’est la question du choix des descripteurs (mots clé) avec lesquels indexer les différentes fiches de cas et documents d’analyse produits par chaque réseau. Si chacun d’eux utilise son propre thesaurus de mots clé, comme c’est encore le cas actuellement, il reste assez difficile de naviguer d’un site à l’autre. On me dira qu’aujourd’hui les algorithmes de recherche permettent de se dispenser d’un système d’indexation commun à tous. Personnellement je ne le crois pas. Vous voyez d’ailleurs bien, quand vous utilisez GOOGLE, la puissance des moteurs de recherche et des serveurs qui vous permettent d’obtenir presque instantanément des résultats de recherche mais vous constaterez aussi que très rapidement les documents sélectionnés se révèlent peu pertinents. Le vrai défi, le plus passionnant et le plus difficile est celui d’organiser les concepts les uns vis-à-vis des autres. Ce que nous avons développé avec un autre outil et un autre logiciel, l’atlas relationnel
En conclusion, depuis 1986, DPH n’a fait que croître et prospérer mais en prenant de nouvelles formes et la première étape, celle qui consiste à réunir de bonnes fiches d’expériences … reste toujours aussi difficile et exigeante.
Effectivement, dès le milieu des années 80, convaincus comme on le disait à l’époque que « la connaissance la plus utile à l’action naît de l’action elle-même » nous avons mis en place un système d’échange d’expériences commun à différentes organisations, ce qui permettait de mutualiser des études de cas venues de tous horizons. A l’époque, Internet n’existait pas. Même si DPH a été pour de nombreuses organisations la première occasion de s’exercer à la rédaction d’études de cas et à une démarche de capitalisation d’expériences, le partage de ces études de cas demeurait techniquement laborieux : chacun, sur son propre ordinateur, devait mettre à jour sa base d’expériences grâce à la diffusion de disquettes souples contenant les nouvelles fiches de cas.
Mais, au fil des années, même avec l’apparition d’Internet, nous nous sommes heurtés à une seconde difficulté, la question de l’identité. Dès lors que l’on a une base de données unique, DPH, c’est elle qui impose son identité. Les organisations qui contribuent à l’alimenter craignent que leur identité s’y dissolve. Enfin, pour la petite histoire, l’idée première de DPH, était celle du troc : nous pensions que chacun souhaitait recueillir l’expérience des autres et était prêt, pour cela, à mettre à leur disposition sa propre expérience. Or, au fil du temps, nous avons découvert que la première vertu de DPH était de proposer à chacun un cadre méthodologique pour mettre en forme sa propre expérience et que c’était cela qui comptait pour lui plus encore que l’accès à l’expérience des autres.
Dès lors, il était préférable d’aider différentes organisations à mettre en forme leur expérience et de mutualiser le tout sur un site ouvert au grand public.
Ces différentes évolutions et constats nous ont conduit, au début des années 2000, à créer ce que l’on a appelé la COREDEM, Confédération de Ressources pour une Démocratie Mondiale, www.coredem.info. La COREDEM mutualise les ressources documentaires de plus de trente sites ressources. Chacun d’eux garde son identité : l’un est consacré au recensement des films de lutte sociale, l’autre à l’art de la paix, le troisième à la gouvernance territoriale, le quatrième à la socio-économie solidaire, etc.. Chacun garde son identité mais un moteur de recherche commun permet d’aller chercher l’information sur l’ensemble des sites. C’est un système qui a maintenant fait les preuves de son intérêt.
On se heurte alors, a fortiori quand les thèmes abordés par les différents membres de la confédération s’intéressent à des sujets très différents les uns des autres, à une question sémantique majeure. A un plan trivial, c’est la question du choix des descripteurs (mots clé) avec lesquels indexer les différentes fiches de cas et documents d’analyse produits par chaque réseau. Si chacun d’eux utilise son propre thesaurus de mots clé, comme c’est encore le cas actuellement, il reste assez difficile de naviguer d’un site à l’autre. On me dira qu’aujourd’hui les algorithmes de recherche permettent de se dispenser d’un système d’indexation commun à tous. Personnellement je ne le crois pas. Vous voyez d’ailleurs bien, quand vous utilisez GOOGLE, la puissance des moteurs de recherche et des serveurs qui vous permettent d’obtenir presque instantanément des résultats de recherche mais vous constaterez aussi que très rapidement les documents sélectionnés se révèlent peu pertinents. Le vrai défi, le plus passionnant et le plus difficile est celui d’organiser les concepts les uns vis-à-vis des autres. Ce que nous avons développé avec un autre outil et un autre logiciel, l’atlas relationnel
En conclusion, depuis 1986, DPH n’a fait que croître et prospérer mais en prenant de nouvelles formes et la première étape, celle qui consiste à réunir de bonnes fiches d’expériences … reste toujours aussi difficile et exigeante.