Stockholm, une métropole écologique à dimension humaine

Ina Ranson, 1999

Cette fiche présente les actions menées par la ville de Stockholm, en faveur du développement durable.

En Suède, environ 200 des 286 municipalités ont décidé d’entreprendre des activités relevant d’un Agenda 21 local. Stockholm, avec 730 000 habitants (ou 1, 6 millions pour l’agglomération) en fait partie. Centre industriel, commercial et culturel du pays, située au bord d’un golf de la Baltique et du lac Mälar, sur de nombreuses petites îles, la ville présente de grands atouts naturels qu’elle entend protéger et mettre en valeur.

La signature d’un Agenda 21 en janvier 1994 a incité à approfondir la réflexion sur les démarches déjà en cours, dans le cadre de plusieurs « programmes pour la protection de l’environnement » réalisés depuis 1976. Capitale européenne de la culture pour 1998, la ville de Stockholm a alors mis l’accent sur les aspects culturels du développement durable. En fait, celui-ci est seulement possible si les citoyens se sentent concernés par les valeurs que cette notion implique.

Actuellement, les efforts de la municipalité se concentrent autour de la réalisation d’un grand plan d’aménagement urbain 1998-2000 et sur l’appel à la responsabilité de chaque citoyen.

Donner une véritable dimension humaine à la ville

A l’occasion de « Stockholm capitale culturelle 98 », la surface des zones piétonnières a été doublée et la voirie automobile diminuée de moitié. De nouveaux trottoirs très larges ont été équipés avec des bancs.

Pour l’architecte norvégien, Nils Torp, la qualité d’une ville est liée à l’existence d’espaces urbains variés, situés à des distances proches pour pouvoir s’y rendre et ressentir un sentiment d’appropriation de la ville. C’est cet idéal qui est à la base du plan d’aménagement urbain 1998-2000. Il comporte trois éléments : un schéma directeur pour la ville et 24 plans de détail pour les districts.

Le développement urbain se concentre dans la zone entre le centre et la périphérie où il importe de « construire la ville dans la ville », de réutiliser les sols déjà construits en réaménageant de vastes secteurs industriels. Des lignes de tramway seront aménagés en boucles, en périphérie autour de la ville. Chaque point de croisement avec le métro deviendra rapidement un centre urbain. Comme le travail des paysagistes est considéré comme essentiel, la ville sera encore plus verte qu’avant.

 »Le développement durable, c’est prévoir une planification à long terme mais également penser aux détails, c’est donner une véritable dimension humaine à la ville, explique Per Kalstenius, architecte à la ville de Stockholm. Ce qui est important aujourd’hui, c’est d’énumérer les qualités de la nature, des rivages et également le paysage construit…«  Tous les constructueurs possèdent un petit ouvrage où sont définis les caractéristiques de la ville et les réglements qui s’y réfèrent.

Au centre des actions : le citoyen responsable

Les aménagements aideront le citoyen à s’approprier sa ville. Les innovations technologiques mettront à sa disposition les moyens pour moins gaspiller et moins polluer. Mais les « instruments technologiques durs » ne servent pleinement que si les citoyens se sentent concernés par les efforts en vue d’un développement différent. C’est pourquoi la municipalité ne cesse de souligner l’importance des « instruments démocratiques doux » qui peuvent responsabiliser les citoyens.

Le quatrième programme de « Miljö 2000 » a été décidé après une longue préparation impliquant autant de personnes que possible dans le processus de réflexion. L’idée centrale a été que la responsabilité pour l’environnement et la solidarité seraient d’autant plus grandes que les gens auront l’impression qu’ils peuvent vraiment agir sur leur environnement et qu’ils se connaîtront les uns les autres. Des propositions ont été élaborées par des groupes de travail composés d’habitants, de représentants de l’administration municipale et de représentants d’entreprises. Environ 10 000 propositions ont afflué par lettres, après de nombreuses actions dans les écoles, dans les rues et dans les différents quartiers. Parmi celles qui revenaient le plus souvent :

La réalisation de ces objectifs correspond au programme de l’Agenda 21. Pour introduire des objectifs stratégiques dans tous les services de la Ville, pour les coordonner et superviser les progrès obtenus, la municipalité a introduit, dès 1998, un système de gestion et de contrôle basé sur un programme d’audit. Mais pour impliquer, dans une évaluation continuelle, plus que les seuls experts accrédités, la Ville a aussi invité les simples citoyens à réfléchir sur des indicateurs d’une ville durable : des tables rondes ont réuni représentants du gouvernement et de la municipalité, représentants des entreprises et des associations, universitaires, pour mettre au point des indicateurs facilement compréhensibles pour chacun. (Par exemple, au lieu d’indiquer les valeurs-limites d’éléments chimiques, les non-experts exigent la transparence de l’eau). Ainsi environ 25 caractéristiques d’une ville durable ont été définies.

De nombreux projets originaux invitent le citoyen à prendre ses propres responsabilités :

Le bureau de l’Agenda 21 à Stockholm a élaboré, en collaboration avec l’Institut Royal de Technologie, un outil informatique qui calcule le profil environnemental personnel ou familial en fonction des réponses à un questionnaire. L’indication des conditions de vie quotidienne, des loisirs, des habitudes de consommation, des voyages etc. permet d’indiquer à peu près la quantité des ressources utilisées et des émissions induites. Les calculs se réfèrent aux données de Stockholm. Mais l’outil, présenté sur Internet en suédois et en anglais, peut être expérimenté par des personnes vivant ailleurs. (www.slb.mf.stockholm.se/agenda 21/)

Le bureau de l’Agenda 21 a financé des études détaillées sur les émissions causées par l’acheminement de nombreux aliments dans la ville. Les résultats ont incité beaucoup de magasins à réorganiser les transports en vue d’éviter certains trajets et à proposer à leurs clients davantage de produits régionaux.

Deux organisations très reconnues - Nordic Swan et Falk - mènent une réflexion plus complète sur l’écobilan des marchandises et travaillent à la définition de labels fiables. D’ores et déjà, on les trouve sur les emballages de certains produits.