Kolding au Danemark : ville exemplaire pour les achats éco-responsables

Acheter autrement, en prenant en considération l’éco-bilan des achats et des services : voici un des leviers les plus forts pour le développement durable

Ina Ranson, 1999

Kolding, ville moyenne (61000 habitants) située non loin de la côte est du Danemark, centre commercial et industriel, s’est efforcé, depuis sa décision en 1994 de signer la Charte d’Aalborg, de traduire ses engagements en actes, non seulement au sein de la Ville, mais aussi en coopération avec sa région. Le Plan de Ville 1998-2009 dessine un programme de coopération avec sept communes proches qui désirent former « une seule grande ville ouverte et écologique où chaque district présente ses propres atouts et avantages ».

Pour préparer les objectifs de l’Agenda 21, la municipalité a beaucoup coopéré avec divers groupes d’intérêts : la confédération des employeurs, les syndicats, la confédération des agriculteurs, les associations de citoyens… Les propositions ont ensuite été soumises, pendant quatre semaines, aux critiques et aux remarques du public. Le plan qui résulte de cette coopération vaste et qui désigne les domaines concernés et les objectifs à réaliser dans un délai déterminé est ensuite mis en œuvre ou surveillé par un groupe de pilotage réunissant les représentants des services de l’administration municipale, ceux des divers groupes d’intérêt et des membres d’ONG.

Un des objectifs prioritaires, proposés d’ailleurs par les industriels, a été l’approvisionnement éco-responsable de la municipalité. Adopté, en 1998, par le conseil municipal, cet objectif sera réalisé à 100 pour cent en 2001. A noter que dans la région de Kolding, plus de 200 entreprises ont déjà opté pour une gestion écologique. Les pionniers commencent aujourd’hui à exercer des pressions en ce sens aussi sur leurs fournisseurs.

Les achats éco-responsables : un enjeu de premier plan

Le principe d’achats écologiques a évidemment été intégré dans une refonte de la gestion tout entière de la municipalité en vue d’optimiser l’efficacité des ressources matérielles et énergétiques et de réduire autant que possible toute sorte de pollution. « Comme tout le monde, nous devrons consommer dix fois moins de ressources et diviser par dix les effets de pollution de nos activités, en comparaison avec le niveau d’aujourd’hui, » souligne Michael Damm, le directeur du service environnement. Il exprime une conviction largement partagée au Danemark et qui est réaffirmée tous les deux ans dans le Bulletin national de l’environnement.

Une stratégie qui fait boule de neige

Les outils utilisés pour mettre en œuvre la nouvelle orientation de la politique des achats sont des questionnaires accompagnant les appels d’offre pour les produits ou les services demandés, le papier, les meubles de bureau, les matériaux de bureau, les tissus, les transports…

Pour établir ces questionnaires, les spécialistes de la section environnement ont d’abord effectué des recherches méthodiques sur un certain nombre de produits ainsi que sur les procédures de leur fabrication en utilisant des sources d’information nationales et internationales. Il existe aujourd’hui, en ce domaine, de nombreuses publications accessibles, par exemple par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) ou le réseau européen des communes pour l’approvisionnement vert (EMPGN).

Les questionnaires ont évidemment été élaborés en étroite coopération avec la direction des achats. Les différentes catégories de questions concernent les modes de travail et de production du fournisseur (la gestion écologique), le produit lui-même (ses composants nocifs ou renouvelables, etc.), l’emballage… En général, les réponses positives aux questions indiquent des points positifs. Mais ces réponses doivent être accompagnées par des documents prouvant leur justesse. Pour chaque groupe de produits, il existe des questions éliminatoires qui, dès le début de la prise en considération de l’offre, indiquent si le minimum d’exigences requises est rempli. Les autres questions permettent d’établir une base d’informations à partir desquelles peuvent être effectuées des comparaisons à l’aide d’un tableau de points.

Pour le choix final, on considère bien sûr, à côté des critères écologiques, les aspects de prix, de qualité, des services ajoutés etc.

Pour introduire partout les nouvelles orientations dans la politique des achats, des formations ont lieu auxquelles participent des personnes travaillant dans tous les secteurs de l’administration. Ceci est considéré comme essentiel, car les achats sont organisés de façon décentralisée, les besoins, la définition des caractéristiques des produits et les décisions concernant les quantités nécessaires étant prises dans les différents secteurs, tandis que les contrats avec les fournisseurs sont établis par la direction des achats.

La ville de Kolding a présidé, jusqu’en 2000 le réseau européen des communes pour l’approvisionnement vert (the Municipal Green Purchasers Network, EMPGN), appelé aussi BIG-Net ("Buy it green !" - achetez vert!). Avec le Green Purchasers Network (EPGN), ce réseau s’efforce de promouvoir l’idée que tous les processus, produits et services, indépendamment du lieu de leur production et de leur consommation, devraient avoir l’impact le moins nocif possible sur l’environnement.

Referencias

  • Agenda 21 de Kolding, texte de mai 2000

Para ir más allá

  • Selon la Commission européenne, deux tiers des 1 billion de dollars payés, chaque année, par l’Union européenne dans le domaine des achats publics sont dépensés par les autorités locales (Eco Procura 1/99, p. 17). Celles-ci disposent donc d’un des leviers les plus forts pour le changement en vue d’un développement durable.

  • Sur l’invitation d’ICLEI, (International Council for Local Environmental Initiatives), un séminaire sur l’approvisionnent écologique a eu lieu à Lyon, à l’occasion de Pollutec, en octobre 2000. Les contributions sont disponibles sur le site d’ICLEI

  • Pour trouver des informations sur le Réseau des responsables municipaux pour l’Achat Vert ("Buy it green"), branche spécifique de l’EGPN (European Green Purchasing Network) consulter aussi le site de l’Agence européenne pour l’environnement