Un éco-audit dans une ville allemande
Et si les communes prenaient exemple sur les entreprises ?
Ina Ranson, 1999
Cette fiche expose la possibilité pour les collectivités locales allemandes de prendre exemple sur les entreprises afin de réaliser des audits environnementaux, pour s’engager sur la voie d’un développement urbain durable.
L’ordonnance européenne de l’éco-audit qui existe depuis 1995 est un instrument au service des entreprises. Mais il peut également aider les communes à améliorer leur gestion. Actuellement, une vingtaine de communes en Allemagne de toutes les tailles (depuis Nuremberg jusqu’à Nidderau) utilisent cet instrument pour leurs propres besoins. Une commune fonctionne à beaucoup d’égards comme une entreprise : elle consomme des ressources (matériaux de bureau, de l’eau, de l’énergie…), produit et rejette des déchets, des eaux usées, du bruit…). La mise au point d’un système de gestion écologique qui ressemble à celui conçu pour les entreprises peut contribuer à rendre plus efficace l’efficience de la protection de l’environnement communal. Il est vrai qu’une commune ne peut recevoir ni label ni certification, mais elle a la liberté d’utiliser les prescriptions conçues pour les entreprises à sa façon en n’attachant d’importance qu’aux résultats. L’audit peut se faire à deux niveaux :
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au niveau de l’administration communale qui fonctionne comme une entreprise,
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au niveau de toute la commune.
La deuxième démarche, bien plus exigeante, concerne tous les acteurs, depuis les ménages jusqu’aux entreprises.
L’éco-audit à Biebesheim
Biebesheim, petite commune de 6500 habitants, a accepté de se faire auditer par l’Eco-Institut, un institut de recherche indépendant. Le résultat de l’audit a donné lieu à une publication présentant les résultats et des recommandations.
Le premier éco-audit n’est que la première étape permettant d’envisager la mise sur pied d’un système de gestion écologique. Une deuxième étape devra tester ce système en vérifiant qu’il remplit l’objectif d’amélioration constante de l’environnement.
L’étude souligne l’importance primordiale de quatre démarches :
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Dresser l’inventaire, (Bestandsaufnahme) et faire une analyse des points faibles ;
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Formuler une politique de l’environnement ;
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Formuler des objectifs et des mesures adaptées pour la mise en pratique ;
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Formuler une déclaration pour la protection de l’environnement
1. L’inventaire consiste en deux parties :
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de l’évaluation des effets des activités de la commune sur l’environnement,
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et de l’analyse du système de gestion pour la protection de l’environnement.
A Biebesheim, la pollution avait diminué grâce à différentes initiatives dans les domaines des déchets, de l’énergie et du traitement de l’eau de pluie. Mais l’analyse du système de gestion releva beaucoup de points faibles. L’étude passe en revue les avantages et les désavantages des formules d’organisation possibles et recommande la mise sur pied d’un groupe de travail avec des membres de tous les services de l’administration concernés ; c’est une formule qui a fait ses preuves dans de nombreuses autres petites villes. Pourtant, soulignent les auteurs, la meilleure organisation sert peu s’il y a manque de motivation. Pour la soutenir, ils font un certain nombre de recommandations, par exemple : des formations pour tous les membres de l’administration, des enquêtes pour connaître les idées et les propositions des personnes impliquées, des actions médiatiques telles que des journées de l’environnement.
2. La définition des lignes de force d’une politique de l’environnement donne un cadre d’orientation à toutes les personnes concernées si elle est faite selon les critères d’une gestion moderne de l’entreprise.
Loin d’une belle déclaration d’intention assez générale, elle doit refléter les réalités. Au lieu de déduire uniquement les objectifs des règlements établis, il vaut mieux en débattre sur place, avec de nombreux responsables, en conférant aux experts un rôle de conseillers.
3. Il importe que les objectifs indiquent des mesures concrètes et des résultats quantifiables
Par exemple, la consommation énergétique des bâtiments sera réduite de x pour cent en l’an 2000, tous les nouveaux bâtiments publics seront construits selon des critères HQE, etc.). La publication des objectifs permet à la population et aux fonctionnaires de s’y identifier et de suivre activement les réalisations en cours.
4. La déclaration d’une politique d’environnement renforce la communication entre les responsables politiques et la population.
Le texte doit présenter, aussi précisément que possible, quels sont les effets de la vie communale sur l’environnement et quelle est la marge d’influence de la commune concernée pour réduire les nuisances.
Un éco-audit présente beaucoup d’avantages
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La protection de l’environnement se fera ensuite de façon systématique. Au lieu de réparer en premier lieu les conséquences des dégâts d’une gestion mauvaise, la commune privilégiera leur prévention.
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Une politique active et offensive de protection de l’environnement a valeur de modèle et constitue une motivation supplémentaire pour les citoyens. * Une protection systématique de l’environnement pourra induire - comme dans les entreprises - des économies de coûts financiers. * Un éco-audit peut être une motivation supplémentaire pour les fonctionnaires et les hommes politiques et leur permettre une meilleure identification avec leur travail.
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La prise de conscience sur les qualités et les points faibles de la gestion de l’environnement au niveau de la commune facilitera le dialogue avec les citoyens et permettra de prendre des décisions ciblées et mieux acceptées.
Pour les communes comme pour les entreprises il y a la même règle : à court terme, la protection de l’environnement coûte plus d’argent (par exemple en isolant des bâtiments, en embauchant un responsable de l’environnement, en commandant une étude de la consommation énergétique). Mais déjà à moyen terme, les coûts diminuent de beaucoup, parce que les investissements permettent de faire des économies.