La coopération décentralisée dans le cadre du jumelage Evry-Kayes

Ina Ranson, 1999

Cette fiche fait état d’un projet de coopération décentralisée entre la France et le Mali.

Le jumelage entre L’Agglomération Nouvelle d’Evry (Bondoufle, Courcouronnes, Evry, Lisses : au total 83 000 habitants) et Kayes (78 000 habitants), quatrième ville de Mali est né d’une synergie entre le milieu associatif et de solidarité internationale, les élus de l’Agglomération d’Evry, et des membres de la Communauté Malienne de l’Essonne.

Située à 30 km au Sud de Paris, au bord de la Seine, Evry est la ville la plus peuplée du Sud Parisien. Kayes, l’ancienne capitale du Haut-Sénégal-Niger, est le chef-lieu de la région qui porte son nom et la quatrième ville de Mali. Les sécheresses de la décennie 80 ont appauvri la région à dominante agricole et provoqué une immigration importante vers la France.

L’orientation de ce jumelage se fonde, d’une part, sur une relation d’amitié qui renforce la compréhension mutuelle des différentes communautés présentes sur l’Agglomération Nouvelle d’Evry, et d’autre part, sur une volonté d’appui au développement des pays du Sud. En soutenant la participation des citoyens des deux villes au jumelage, la Ville favorise aussi l’intégration de la communauté malienne d’Evry.

Concrètement, il s’agit

Les principaux partenaires des projets sont la municipalité et la population de Kayes, le milieu associatif à Kayes et dans l’Agglomération Nouvelle d’Evry, le Ministère Français de la Coopération, la Mission Française de Coopération Bamako, l’Agence Française de Développement.

Appuyer les initiatives locales à Kayes

L’identification des besoins à Kayes est d’abord réalisée par des acteurs locaux. Avec l’instauration de la démocratie au Mali, en 1992, beaucoup de nouvelles associations se sont formées dans les quartiers, notamment à l’initiative des jeunes et des femmes. Un des principaux objectifs affichés est l’amélioration de l’environnement. Les actions principales engagées sont le ramassage des ordures ménagères, le curage des caniveaux, l’embellissement de la ville (fresques murales, espaces verts…). Beaucoup de femmes s’engagent aussi dans l’alphabétisation, des jeunes forment des groupes de théâtre, créent des ateliers de teinturerie ou fabriquent du savon…. Ces actions permettent souvent de créer des emplois reconnus, ce qui est vital dans un pays où le chômage touche les jeunes en plein fouet.

Le Syndicat d’Agglomération Nouvelle d’Evry s’est engagé à mettre au service de Kayes son savoir-faire dans le domaine de la gestion urbaine et notamment son expérience spécifique en matière de développement des activités économiques, sociales et culturelles.

Le SAN d’Evry et la mairie de Kayes ont choisi de travailler quartier par quartier pour mettre en place un système de ramassage des ordures collectif par l’installation de chariots, évacués hors de la ville par un tracteur, de soutenir les populations prêtes à prendre elles-mêmes en charge, avec l’appui de la mairie, le fonctionnement du dispositif du ramassage, et de créer un centre de valorisation permettant de créer des recettes par la vente des déchets recyclés. Dans chaque quartier s’est créé un Groupement d’Intérêt Economique (G.I.E.)Le système a pu être mis en place grâce aussi à une subvention accordée par la Caisse Française de Développement. Comme la valorisation des déchets n’est pas une activité rentable, le SAN d’Evry et la Mairie de Kayes ont décidé de confier aux GI.E. un programme de construction de puisards et d’aires de lavage individuels. Le projet réunit autour d’une même table la municipalité de Kayes, les chefs de quartier, les services de l’hygiène, les GIE, la radio rurale de Kayes et le représentant à Kayes du SAN d’Evry.

Les projets d’assainissement sont liés à la lutte contre l’érosion. Il importe d’entretenir en même temps le réseau d’évacuation des eaux pluviales, de réhabiliter les collecteurs primeurs de la ville et d’éviter le comblement de caniveaux en expérimentant, par exemple, la technique de murettes anti-ensablement.

D’autres projets en cours de réalisation sont la rénovation et la réorganisation du marché à Kayes, la formation entre bibliothèques, l’organisation de chantiers de jeunes, le renforcement de l’activité d’une maison du jumelage… Cette dernière a pour vocation de contribuer à dynamiser la vie associative et culturelle des quartiers. Par diverses activités, cette maison renforce ou crée des liens avec la population et le milieu associatif dans le but d’identifier leurs besoins et d’appuyer leurs projets.

A Evry, les impulsions viennent aussi des petites associations

Il existe, à Evry, une « Maison du Monde », association ouverte à tout individu ou groupe d’habitants quelle que soit sa religion, sa langue et sa culture et qui fait un travail considérable de « rapprochement entre les populations de l’Agglomération Nouvelle d’Evry et la population étrangère en vue d’enrichissement mutuel. » Parmi ses activités : des conférences-débats, des manifestations culturelles, des fêtes.

La maquette de présentation de l’Agglomération d’Evry souligne à juste titre que « les villes jumelées, parce qu’elles sont proches de leurs citoyens, sont bien placées pour ouvrir et nourrir le débat sur la nécessaire solidarité internationale. » Sans la multiplication d’actions concrètes de solidarité, le développement durable est impossible. A noter que la Ville Nouvelle est aussi jumelée, entre autres, avec Esteli au Nicaragua et qu’elle est en train de préparer le lancement d’un jumelage avec le camp de réfugiés palestiniens de Khan Yunis, dans la bande de Gaza, projet proposé par l’association Evry-Palestine, également membre de la Maison du Monde, association qui est à l’origine du jumelage avec Kaye.

L’association « Les Amis de Kayes » trouve des soutiens précieux auprès des instances municipales et auprès d’autres associations. Elle travaille beaucoup avec des jeunes. Le cadre de la « Maison du Monde » aide à organiser des rencontres, et l’existence du jumelage aide beaucoup à la réalisation de projets. Quand il arrive - comme cela a été le cas dernièrement - qu’un groupe de jeunes élèves, d’origine français et malien, s’adresse à l’association pour demander s’il n’y a pas moyen de faire un voyage au Mali pour participer à un projet là-bas, il y a tout de suite un réseau de personnes-ressources prêtes à aider.

« Les Amis de Kayes » créent aussi des contacts entre des lycées. « Le dispositif du jumelage présente une chance pour nous, dit un professeur. J’ai l’impression que les impulsions vont surtout venir des petites associations qui attirent des jeunes. »

Sources

  • Syndicat d’Agglomération Nouvelle d’Evry

  • La Lettre de la Maison du Monde, nov-déc. 1998