Un projet modèle d’habitat social, écologique et peu coûteux à Nuremberg
Ina Ranson, 1999
Cette fiche présente le projet d’habitat social et écologique mis en oeuvre par la ville de Nuremberg.
A Nuremberg (492 000 habitants), le terrain d’un ancien abattoir situé à environ 1 km du centre-ville est utilisé pour la construction d’un projet modèle d’habitat social, écologique et peu coûteux.
Un programme bavarois pour affronter l’avenir de façon offensive
Ce projet fait partie d’un programme spécifique du land de la Bavière qui veut montrer, par la promotion de 12 lotissements-modèles, que la construction innovatrice, écologique et sociale n’est pas plus chère que la construction traditionnelle si elle est intelligemment planifiée. Le land utilisera 200 millions de DM, gagnés par des privatisations, pour développer, ensemble avec les communes intéressées, douze projets de lotissements, au total environ 7.000 logements pour 20.000 personnes. La réalisation des projets est accompagnée par des scientifiques ayant une expérience concrète dans les domaines suivants : urbanisme, écologie et énergie, transports, sociologie, construction, gestion des financements. L’objectif à long terme du programme est de proposer ainsi des réalisations standard pour la planification communale toute ordinaire.
Une longue phase de préparation
Les préparations pour la reconversion du terrain de l’ancien abattoir ont commencé au début des années 90. L’abattoir qui existait depuis 1850, couvrait un territoire de 7,65 ha. Il est prévu d’inclure, pour la réalisation du projet, un terrain plus large de 23 ha, occupé actuellement, entre autres, par un incinérateur d’ordures ménagères qui devra être démonté.
Le terrain est situé à 1 km du Vieux Nuremberg, relié par une ligne de métro, une ligne de train de banlieue et deux routes importantes. Les quartiers avoisinants (Gostenhof et St. Leonhard) ont dernièrement profité de mesures de rénovation et disposent de bonnes infrastructures et de divers magasins. On peut prévoir une bonne synergie de toutes les mesures de réhabilitation et de rénovation au service des habitants des anciens et du nouveau quartier.
La concertation avec les habitants des quartiers avoisinants a d’ailleurs fait partie des préparations du projet.
Pour disposer d’un grand éventail d’idées, la première démarche fut de lancer, au niveau européen, un concours de propositions d’urbanistes. Il s’agit de proposer, pour l’espace en question, des habitations sur environ 100 000 m2 (et uniquement en étage), 135 000 m2 pour des industries diverses et environ 4 000 m2 de constructions pour des besoins communaux. Au moins 30 % des appartements devront correspondre à la catégorie du « logement social. »
Le projet primé de l’architecte Ines Nowak qui dessine un quartier autonome aux contours géométriques, très riches en espaces conviviaux, a constitué la base des planifications ultérieures. Il importait de réaliser le projet en tenant compte d’un budget limité.
Pour la réalisation du projet, la ville de Nuremberg et le land de la Bavière ont fondé une société de développement commune. Le land a débloqué un crédit favorable de 36 millions de DM (52 % des sommes nécessaires), tandis que la ville met à la disposition le précieux terrain. La ville est responsable des procédés de la planification des constructions.
Les atouts sociaux, écologiques et économiques
La réhabilitation d’un terrain situé à l’intérieur de la ville évite d’occuper de nouveaux espaces dans les environs. L’objectif de rapprocher les lieux d’habitation, de travail et des loisirs permet de réduire les transports. Le quartier est conçu de façon à rendre agréable la marche à pied : les parkings se trouveront aux marges ; leur disposition a été soigneusement étudiée par une expertise particulière.
La densité des constructions laissera de la place pour les espaces libres, notamment pour un grand parc où seront situés des bâtiments à vocation culturelle.
Il est prévu d’utiliser au mieux des matières de construction écologiques. Pour prendre en compte les économies d’énergie, les habitations seront orientées vers le sud. L’eau de pluie pourra s’écouler par infiltration, car le sol sera aussi peu bétonné que possible. Une partie des bâtiments anciens, parfois classés monuments historiques, seront conservés. Ils accueilleront des institutions culturelles et sociales. Le quartier disposera de deux parcs importants : le « parc de la ville », destiné à la vie culturelle et offrant de multiples installations de loisirs, et un parc plus sauvage, riche en végétation naturelle.
Le développement et la promotion du nouveau quartier coûteront entre 45 et 50 millions de DM. Les démolitions et la dépollution des sols ont été évalués à environ 20 millions de DM. Ensuite, les prix de construction ne devront pas dépasser 2 800 DM/m2.
En décembre 1998, les dépollutions du terrain de l’abattoir ont été terminées. Leur coût a été légèrement inférieur aux prévisions.