Une ville par tous.
Nouveaux savoirs et nouveaux métiers urbains ; l’expérience de Fortaleza au Brésil
Robert DOUILLET, 2001
Cette fiche de cas s’intéresse aux actions menées à Fortaleza (Brésil) pour permettre le droit à la ville et le droit au logement des populations locales.
Fortaleza est l’une des métropoles du Nordeste brésilien dans laquelle se déroulent depuis une douzaine d’années de multiples expériences conjointes entre les habitants, des associations locales et étrangères, la municipalité et l’Etat pour faciliter l’hébergement des populations les plus pauvres et améliorer leur cadre de vie. Toutes ces expériences ont leurs histoires propres entachées de difficultés politiques ou administratives et sont plus ou moins couronnées de succès.
Parmi ces expériences, celles menées dans le cadre de l’association Cearah Periferia, en lien avec le Gret-Habitat sont riches d’enseignements :
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Elles traduisent qu’il est souvent possible (et avantageux pour une grande majorité des acteurs impliqués) de renforcer la démocratisation des institutions municipales dans le domaine de la gestion urbaine.
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Elles montrent que la prise en compte simultanée des innovations technologiques (comme le fait de fabriquer la plupart des matériaux sur le chantier) et des innovations sociales (développer la formation, qui elle-même intègre la « culture populaire ») est garante d’un meilleur succès de l’opération.
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Elles montrent aussi l’importance d’investir dans la médiation entre les différentes parties prenantes du projet et parfois la nécessité d’enclencher une confrontation ouverte entre elles pour déboucher sur un nouvel accord.
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Elles révèlent aussi la sensibilité des politiques au poids de l’urne dans leurs prises de décisions (quelle conséquence électorale telle décision peut-elle avoir ?) et donc à l’importance du calendrier des élections pour l’établissement de celui des travaux.
Mais ces expériences montrent aussi qu’un groupe déterminé peut pacifiquement, avec patience et témérité, et malgré les faibles moyens individuels et collectifs, obtenir satisfaction dans sa recherche du droit élémentaire d’obtention d’un logement : on commence d’abord par l’occupation collective d’un terrain (parfois pilotée par une association ou une fédération chargée d’éviter l’infiltration d’inconnus, éventuels provocateurs), chacun se débrouillant comme il le peut pour ce qui est du logement au sens strict ou au contraire décidant la mise en place de travaux communautaires. Les équipements collectifs sont ensuite acquis peu à peu, « dans la lutte », en même temps que la légitimité de l’action vis-à-vis de la municipalité, des ONG, ou d’autres institutions…
L’ouvrage « une ville pour tous » est à la fois un bilan des actions engagées par l’association Cearah Periferia (et bien d’autres) à Fortaleza et une réflexion sur la transformation des rapports sociaux nécessaire à une gestion urbaine moderne génératrice de plus d’humanité, de démocratie et de bien-être.
Sources
CABANNES, Robert, Une ville par tous, Charles Léopold Mayer in. Dossier pour un débat, 2000 (FRANCE), 100, 82 p.