Le tunnel Duplex (A86, France), un exemple d’un projet d’infrastructure complexe
Stéphanie Leheis, 2012
Cette fiche présente le cas du tunnel Duplex de l’A86, exemple d’infrastructure de transport conçue et gérée de manière complexe et systémique.
Tunnel autoroutier sur l’axe de l’autoroute A86 dans l’Ouest francilien, le Duplex nous offre une illustration de la complexité qui entoure la conception, la réalisation et l’exploitation des grandes infrastructures de transport aujourd’hui. Parmi ces principales caractéristiques techniques, retenons qu’il s’agit d’un tunnel bi-tube, exceptionnel par son gabarit et sa longueur, de sorte qu’il a constitué l’un des plus gros chantiers souterrains d’Europe. Mis en service en janvier 2011, cet ouvrage d’art représente un investissement total de 2,2 milliards d’euros. Il a été conçu et construit par un groupement d’entreprises dans lequel la société Vinci tient un rôle prédominant, et à qui l’Etat à concéder l’ouvrage, et qui l’exploite aujourd’hui1. Les caractéristiques exceptionnelles de l’ouvrage en font aujourd’hui une vitrine pour le groupe d’ingénierie.
Revenons sur l’historique de ce projet. Il s’inscrit dans une ambition assez ancienne de boucler l’autoroute A86, qui correspond à la grande rocade d’Ile-de-France, et qui est inscrit dans les plans d’urbanisme de la région et autres schémas directeurs depuis les années 1930. Dès 1988, la société Cofiroute (qui réunit deux géants français du BTP, Vinci et Colas) propose la première une solution souterraine pour traverser cet ouest francilien longtemps hostile au projet. A l’issue d’un appel d’offres européen, l’Etat attribue le marché au groupe Cofiroute. Une première section (reliant Rueil-Malmaison et l’A13) est mise en chantier en 2000 et puis une seconde (reliant l’A13 à l’échangeur de Pont Colbert, au sud de Versailles. Les mises en services se suivent, en juin 2009 pour la première section et en janvier 2011 pour la seconde.
La complexité de cette infrastructure tient à plusieurs éléments.
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Elle est liée à ses caractéristiques techniques exceptionnelles qui en font un chantier complexe en termes de génie civil. Long de 10 km, le tunnel présente un diamètre intérieur de 10,4 m. 7 puits de secours de 19 à 25 m de profondeur se succèdent, ainsi que 3 unités de ventilation présentes au niveau des échangeurs. 2 unités de ventilation intermédiaire sont également présentes dans les puits de secours. L’application des normes de sécurité strictes, qui se sont imposées en France à la suite de l’accident du Mont-Blanc en 1999, en font un ouvrage exemplaire dans ce domaine. La complexité est aussi liée aux difficultés rencontrées lors du creusement du tunnel, qui a nécessité un tunnelier spécialement conçu pour ce chantier. Une autre caractéristique technique fait l’exemplarité de cet ouvrage innovant : la présence de 2 chaussées superposées de 2,55 m de hauteur sous plafond, chaque chaussée correspondant à un sens de circulation, garantissant ainsi de meilleures conditions de sécurité pour la circulation des véhicules. Chaque chaussée comprend 2 voies et une bande d’arrêt d’urgence, ce qui explique la dimension hors-norme du tunnel (en diamètre).
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La complexité est aussi liée au système d’exploitation du tunnel, et en particulier à l’important système informatique de gestion des données qui assure la fluidité des circulations dans le tunnel et la sécurité des usagers. Le tunnel Duplex est aussi exemplaire en ce sens. L’ensemble des données liées à l’exploitation du tunnel (flux de véhicules, vitesses de circulations, qualité de l’air, etc.) est traité en temps réel dans un centre situé à Rueil-Malmaison. Il permet par exemple, de gérer la circulation dans le tunnel en fermant automatiquement les barrières de péage à l’entrée pour réguler le trafic, d’activer une reconnaissance automatique et instantanée des véhicules à l’arrêt, ou encore d’activer les mesures de sécurité nécessaires en cas d’alerte sur la température à l’intérieur du tunnel. La conception du modèle informatique de gestion de l’ensemble de ces données a constituée un défit technique majeur pour le concessionnaire, provoquant d’ailleurs un retard du chantier.
Au total, on voit bien à travers cet exemple en quoi la complexité est importante pour ce type de grands projets, et surtout qu’elle concerne tout autant la phase de conception & de réalisation de l’ouvrage, que la phase d’exploitation avec la gestion d’outils informatiques notamment de plus en plus sophistiqués.
1 Les entreprises ayant participé au projet sont les suivantes : Concessionnaire : Cofiroute (Vinci, 83,3 % ; Colas, 16,7 %). Conception/construction du Duplex : Socatop (groupement : Vinci Construction, 51 % ; Eurovia, 17 % ; Eiffage, 16 % ; Colas, 16 %). Assistance à maîtrise d’ouvrage : Ingérop. Entreprises : Vinci Energies (énergie, éclairage, vidéosurveillance, détection incendie, signalisation, système de supervision et commande, réseau d’appel d’urgence) ; Marioff (aspersion brouillard d’eau) ; Seitha-Clemessy (ventilation/désenfumage) ; Graniou, SEE Telecom (radiocommunications) ; Citilog (détection automatique d’incident et détection instantanée de véhicules à l’arrêt).
Referencias
Le dossier technique de Cofiroute sur le tunnel Duplex
Le chantier en images sur le site du Moniteur